XLAD25 : menace drone sur l’aéroport Paris-Le Bourget
Fin mars 2025 s’est déroulé un exercice particulier, l’occasion de confronter la lutte antidrone (LAD) à des manœuvres de haute intensité. De nombreux scénarios étaient au programme : collision entre un drone et un avion, attaque en essaim, coordination entre l’armée de l’Air et de l’Espace et les forces de sécurité intérieure…
« Drone suspect en delta-9-alpha-golf1 ! » Dans la petite salle en longueur, dont les fenêtres donnent sur la piste d’atterrissage de l’aéroport de Paris – Le Bourget, cette phrase sonne l’alerte. Les sept opérationnels ne quittent plus leurs écrans des yeux. Sur l’un des moniteurs, trois agents de la préfecture de police de Paris scrutent le drone sur leur radar du système Radiant2. « Je veux son identification », somme le lieutenant Bruce. Il supervise le Colad 3, le centre opérationnel de lutte antidrone au niveau local. À ses côtés, quatre systèmes lourds sont prêts à réagir. Le lieutenant doit transmettre en parallèle des comptes rendus au capitaine Nicolas, présent dans la salle voisine – le Colad 2. Ce dernier se chargera ensuite de la coordination avec les forces de sécurité intérieure, ici la Gendarmerie nationale.
Le drone est rapidement désigné comme « ennemi ». Son identifiant ne correspond à aucun des drones accrédités pour la journée, les « amis sûrs ». Aussitôt catégorisé comme hostile, l’engin s’affiche en rouge sur la carte diffusée depuis un écran, qui occupe toute la largeur du mur. C’est la situation aérienne partagée, ou SAP, qui propose une image en direct des drones et de leur évolution.
Attaque de haute intensité
Brusquement, deux nouveaux pictogrammes apparaissent sur la carte à des points opposés. « J’ai deux nouveaux drones, lance le lieutenant Bruce. Bassalt, vous les brouillez 30 secondes et vous me rendez compte de leur évolution. » Ce système de l’armée de l’Air et de l’Espace permet, comme le Radiant, de détecter, identifier, classifier, mais aussi de neutraliser la menace drone à basse altitude. En cas d’apparition de drones suspects, la procédure consiste à entraver les drones, principalement à l’aide du brouilleur, pour protéger la zone sous surveillance. L’ordre est donné au capitaine Nicolas, qui s’empresse d’en informer les gendarmes. Ils dépêchent alors une patrouille pour interpeller le télépilote.
Exercice grandeur nature
Lors de cette attaque multisite, le risque est de voir l’exploitation commerciale de l’aéroport du Bourget perturbée. Le lieutenant Bruce informe donc le capitaine Nicolas des dernières apparitions de drones et des actions enclenchées pour les neutraliser. « La difficulté : générer les bons comptes rendus, alors que plusieurs drones évoluent à différents endroits, explique-t-il avec sang-froid. J’essaie de donner de la meilleure manière possible les informations à l’instant T pour que les gendarmes interviennent le plus vite possible. »
« Fin scénario 8 », entend-on résonner. Le lieutenant Maud s’occupe du déroulement de l’exercice dans les temps. Elle annonce : « Début du scénario 9 ! » L’équipe n’a pas le temps de souffler et s’apprête, dans les prochaines minutes, à faire face à un essaim de drones.
Pendant quatre jours, les quelque 230 participants mobilisés – à la fois du ministère des Armées, des forces de sécurité intérieure, mais aussi du secteur privé –, ont ainsi enchaîné une quarantaine de scénarios, de plus en plus intenses.
1 Désigne la zone D9AG d’une carte en alphabet Otan
2 Acronyme de « recherche active de drones intrusifs, acquisition, neutralisation »
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