PÉGASE 24 : dans les coulisses d’une maintenance croisée réussie
Clé de voûte du triptyque de projection de puissance aérienne française (chasseur - ravitailleur - transporteur), le Phénix a failli se poser dès le début de sa mission de Projection d’envergure en Asie du Sud-Est (Pégase). La maintenance croisée a été au cœur de sa remise en œuvre. Récit
Coup de foudre méditérranéen
Samedi 6 juillet 2024, base aérienne (BA) 125 d’Istres. Sur le hub de projection de forces françaises, 300 Aviateurs, neuf avions de chasses, trois A330 Phénix Multi Role Tanker Transport (MRTT) et trois A400M français et britanniques décollent vers la BA 104 des Émirats arabes unis (EAU), la première escale technique de la mission Pégase 24. Quelques minutes plus tard, le Phénix sera foudroyé. Les trois Rafale qui volent à ses côtés inspectent l’aspect extérieur de l’appareil : pas d’impact visible. La mission continue jusqu’aux EAU.
Une fois l’aéronef posé, les mécaniciens français approfondissent l’inspection à l’aide des moyens émiriens de la BA 104. Priorité n•1 : trouver les points d’impact et de sortie du coup foudre : check. Priorité n•2 : s’assurer que tous les systèmes embarqués soient opérationnels : pas check. Un outil essentiel manque pour tester la fréquence du boom, la perche de ravitaillement en vol de l’appareil, le cœur du Phénix. Un dossier technique et une courte nuit plus tard, la décision est prise : l’avion poursuit sa route sous dérogation jusqu’en Australie.
Renaître de ses cendres
Dès leur arrivée sur la BA d’Amberley, Phénix et équipages ont tout de suite été soutenus par leurs alliés australiens :
« Tout était prêt pour nous accueillir. Nous avons tout de suite pu récupérer notre matériel sans mise en quarantaine, et bénéficier d’une zone de stockage auprès des autres forces aériennes de l’exercice »
- Chef du soutien technique (CST) du détachement français du Phénix
Alors pour être en première ligne et ravitailler les 140 avions de « Pitch Black 24 », le Phénix doit de nouveau passer entre les mains des mécaniciens. Mais cette fois-ci, les Français entrent dans le bloc australien pour opérer à quatre mains.
En fournissant un générateur de volt et un générateur de fréquence pour tester le boom du Phénix, les Australiens ont été le game changer de cette opération de maintenance. Six heures plus tard, le cœur de l’appareil est bien fonctionnel, prêt à assurer sa mission.
Le fleuron de la maintenance croisée
Si cette mise à disposition de moyens incarne l’état d’esprit du partage franco-australien, elle pose également le premier jalon d’une plus grande ambition : la maintenance croisée.
Le temps de leur présence en Australie, les mécaniciens de l’escadron de soutien technique et aéronautique (ESTA) « Camargue » vont tenter de concrétiser ce nouveau concept en quatre étapes, au sein d’un véritable MRTT user team laboratory (laboratoire de l’équipe utilisateur MRTT).
« L’étape n°1, l’échange de pièces, s’est concrétisée dès notre arrivée à Amberley, rappelle le lieutenant Florence. L’étape n°2 consiste à créer de l’échange entre mécaniciens du même niveau de compétences pour ensuite, et c’est l’étape n°3, délivrer des autorisations d’échange de mécaniciens dans des domaines spécifiques. À plus long terme, l’étape n°4, qui est la plus haute ambition, serait d’être capable d’échanger complètement nos ESTA », explique-t-elle.
Un enjeu de taille pour la jeune CST du « Camargue », notamment pour rasséréner ses mécaniciens : « Dans un premier temps, il est capital de les sensibiliser sur les accords passés sur la maintenance croisée bilatérale. Personne ne commence de zéro, tout le monde part d’une base commune réglementée, précise le lieutenant Florence. À ce niveau de concrétisation, les profils identifiés sont des spécialistes avioniques et vecteurs, et nous déterminons leur domaine d’emploi comme leur limite », ajoute-t-elle. Dernière phase de cette expérimentation réalisée en pleine mission Pégase : passer à la pratique en échangeant mécaniciens français et australiens. « Nous avons concrétisé la première étape de la maintenance croisée avec plusieurs forces aériennes présentes avec nous à Amberley dans le cadre de l’exercice “Pitch Black 24”, et à ce stade nous sommes allés jusqu’à la deuxième étape avec les Australiens, avec qui nous entretenons d’excellentes relations. »
Alors si même aussi loin du soleil le Phénix peut se brûler les ailes, il pourra toujours compter sur ses alliés australiens.
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