Imaginez-vous, le temps de plusieurs semaines, retirer votre tenue civile pour l’uniforme, et plus encore, pour le port du béret. Certains ont pris congé auprès de leur employeur pour participer, quand d’autres sortaient tout juste des bancs de l’école. Pendant presque un mois, 55 volontaires ont ainsi fait le choix de vivre une expérience professionnelle hors norme. 36 d’entre eux ont réussi la formation et ont réalisé le grand saut, littéralement, dans un monde d’ordinaire cloisonné.

Appréhender les coulisses du béret

Ces stagiaires ont vécu au rythme militaire. Ils ont abordé un univers singulier, celui des commandos, et plus spécifiquement celui des forces spéciales. Un environnement ultra-exigeant, cloisonné que très peu peuvent approcher. Ici, avoir le goût de l’effort, c’est le mantra. Inspirée des stages commandos de référence, cette formation allie rusticité, dépassement de soi et compétences techniques tirées de l’expérience du terrain. Les instructeurs, tous issus des forces spéciales, ont proposé un encadrement d’une rare intensité : pas de week-end, nuits passées à l’extérieur, tirs, apprentissage des techniques de combat rapproché, scénarios d’évasion et secourisme au combat. 

« Au début, on a un petit moment où l’on se dit : “Qu’est-ce qu’on fait là ?”. Mais ensuite, grâce à la fraternité d’armes, avec le groupe et aussi les cadres instructeurs, on arrive à s’habituer et à aller chercher le meilleur de nous-mêmes », confie Hector, 20 ans, venu de Nantes, en interview avec France Bleu. Hector n’est d’ailleurs pas là par hasard. Il souhaiterait rejoindre les rangs des commandos parachutistes, mais cette fois-ci en étant d’active. Pour beaucoup, cette formation agit comme vecteur de vocation. Elle offre à des jeunes, fascinés par l’univers des commandos qu’ils jugent hors de portée, la chance de croire en leur potentiel. Surtout, de comprendre qu’avec effort et persévérance, l’accès à ces unités d’élite est possible.

La formation s’est achevée par une épreuve de taille : le saut en parachute. Réalisé avec le concours de l’Escadron de transport 3/61 Poitou, unité de transport dédiée aux opérations spéciales, il a permis d’ancrer encore davantage le stage dans l’histoire des CPA.

Tradition et esprit de corps

Les traditions jouaient elles aussi une part intégrante de cette expérience au profil singulier. Chaque journée débutait par la montée des couleurs, accompagnée de la Marseillaise et de chants parachutistes tels la « Prière du Para ». La veille de la présentation au drapeau, les jeunes ont participé à une marche traditionnelle au cours de laquelle ils ont reçu le béret et l’insigne parachutiste. Ils ont été sensibilisés à l’histoire des CPA grâce à de nombreux échanges avec d’anciens membres des forces spéciales. 

Un parrain a été attribué à cette première promotion. Il s’agit de Victor (de son pseudo), membre du CPA 10, aujourd’hui salué pour sa carrière opérationnelle et ses importants faits d’armes. L’occasion d’honorer le vécu d’un Aviateur chevronné et d’en hériter les valeurs. Dans la lignée des traditions, les 36 réservistes ont vécu leur présentation au drapeau. Arborant fièrement leur insigne ailé, puis rangées en lignes serrées, ces recrues ont été présentées à l’étendard tricolore. Symbole solennel, cette cérémonie marque leur entrée dans les rangs de la famille des Aviateurs réservistes. 

Un bilan très positif

Cette initiative signe une volonté nationale d’intégrer les réservistes à un milieu davantage opérationnel. Le commandant Marc, membre du commando parachutiste de l’air n°10 et aujourd’hui à la tête de l’EICA, précise : « L’objectif pour eux, ce n’est pas de partir en opération, là, tout de suite ». Il poursuit : « Mais l’objectif pour nous, c’est de leur donner des missions au sein des forces spéciales commandos parachutistes de l’air, ici, sur la base, qui peuvent être d’ordre très varié. Notamment, en permettant aux CPA un entraînement de libération d’otages, en opposant une force ennemie cohérente, au bon niveau et suffisamment entraînée pour avoir le répondant adéquat. ». 

Le bilan a été jugé très positif par le commandement de l’EICA. Il confie : « Pour être honnête, au départ, nous avions peur de recruter des jeunes connectés à leur téléphone, qui, pour la métaphore, n’avaient jamais franchi de flaque d’eau. Mais nous avons été très surpris. La promotion était motivée, performante, avec un bon sens pratique. Nous avons voulu les déconnecter de leur routine et de leurs écrans pour les ramener à un état naturel, un état d’effort. Finalement, cette jeune génération a brillamment cassé les codes. ».

Fort de cette expérience, un nouveau module complémentaire est envisagé à l’horizon 2026. Il s’adressera à des jeunes ayant déjà réalisé leur FMIR et sélectionnés sur des critères physiques exigeants. Cette formation plus courte et encore plus ciblée viendra compléter l’offre. Une seconde FMIR « CPA » est également envisagée pour l’été prochain.

L’Escadron d’instruction des commandos de l’air : l’expertise commando

L’EICA, créé en septembre 2020 et implanté sur la BA 123, est l’unité de référence pour la formation opérationnelle des commandos parachutistes de l’air n°10 et n°30 (CPA 10 et CPA 30). Spécialisés, ses instructeurs expérimentés transmettent les savoir-faire tactiques et physiques nécessaires aux opérations spéciales conduites par le Commandement des opérations spéciales (COS).