Marie-Laure Buisson : « Les femmes combattantes sont animées par les mêmes valeurs de courage, de ténacité, de passion, de volonté et de patriotisme »

Direction : SGA / Publié le : 11 mars 2024

ENTRETIEN - Son ouvrage « Femmes combattantes » paru aux éditions Les Presses de la Cité, lauréat du prix littéraire de l’armée de Terre Erwan Bergot, met à l’honneur l’engagement héroïque de sept femmes au fil de conflits militaires. Pour Marie-Laure Buisson, Colonel de la réserve citoyenne de l’Armée de l’Air, légionnaire de 1ère classe à titre honoraire et marraine du 4ème Régiment étranger, la culture de l’audace que ces portraits de femmes caractérisent a été récompensée.

Marie-Laure Buisson © Marie-Laure Buisson

Marie-Laure Buisson

Marie-Laure Buisson, quelle a été votre démarche en écrivant votre livre « Femmes Combattantes » ?

Marie-Laure Buisson : « J'ai voulu mettre à l'honneur de nombreuses femmes combattantes qui se sont illustrées dans notre Histoire, qu'elles aient eu les armes à la main ou qu'elles aient servi en appui des troupes au front. Les mettre en lumière pour leur rendre l'hommage qui leur est dû était indispensable à mes yeux. Elles sont trop nombreuses à avoir été oubliées. »

Votre livre retrace les parcours de sept femmes combattantes, issues de foyers de guerres anciens et contemporains. Comment les avez-vous choisies ?

M-L. B : « J'ai choisi de commencer par des personnalités de la Seconde Guerre mondiale, période qui me passionne, puis j'ai tiré le fil jusqu'à des combattantes contemporaines. J'avais le choix entre de nombreux profils, mais j'ai préféré me pencher sur des femmes qui m'ont particulièrement touchée, par leur engagement et leur parcours. J’ai souhaité montrer qu'au-delà de leur époque, leur nationalité ou leur milieu d’origine, c’étaient bien les mêmes valeurs de courage, de ténacité, de passion, de volonté et de patriotisme qui les animaient. Geneviève de Galard, aristocrate française et Lydia Litviak, fille d'un ouvrier soviétique sont mues par les mêmes valeurs et le même sens de protection des leurs. C'est le même esprit de résistance que l'on retrouve chez la Princesse Noor Inayat Khan qui lutte contre les nazis au sein des services secrets britanniques, ou chez les guerrières kurdes qui ont affronté l'Etat Islamique. »

Parmi ces destins, y en a-t-il un qui vous inspire davantage ?

M-L. B : « J'ai été bouleversée par le destin de Jihane Cheikh Ahmed, jeune fille kurde originaire de Rakka qui souhaitait devenir enseignante. En voyant Daesh prendre le contrôle de sa ville, elle est rentrée en résistance contre ces monstres qui ont martyrisé son peuple. Ignorant tout de la chose militaire, les événements ont fait d'elle une grande guerrière, un commandant qui a fini par libérer sa ville en Octobre 2017 à la tête de ses troupes arabo-kurdes. »

La couverture du livre "Femmes combattantes" de Marie-Laure Buisson, éditions Les Presses de la Cité © Les Presses de la Cité

La couverture du livre "Femmes combattantes" de Marie-Laure Buisson, éditions Les Presses de la Cité

La couverture du livre "Femmes combattantes" de Marie-Laure Buisson, éditions Les Presses de la Cité

Comment votre ouvrage contribue-t-il à faire évoluer la représentation des femmes au sein des armées ?

M-L. B : « C'est aux lecteurs de le dire (sourire). Je souhaite que toute jeune femme lisant mon ouvrage puisse se dire : « Moi aussi, je peux m'engager dans l'armée », à l'instar de Cassiopée, jeune capitaine de l'armée de l'Air dont je fais le portrait dans mon livre. Déployée au sein de l’opération Barkhane (au Sahel), elle réussit à remonter une filière de djihadistes touaregs à Kidal (au Mali) et contribue à l’arrestation d’un chef recherché par la Force (Barkhane). Cette jeune femme m'a beaucoup touchée par son intelligence, sa témérité et le courage dont elle a fait preuve en territoire ennemi, au service de son pays. »

En 2022, vous avez remporté le prix littéraire de l’armée de Terre Erwan Bergot[1]. En quoi votre livre s’inscrit-il dans cet héritage littéraire ?

M-L. B : « Recevoir ce prix m'a fait un immense plaisir. J’ai eu l’occasion de le dire au Chef d'Etat-Major de l'armée de Terre, le Général Pierre Schill, le jour où il m'a été remis. Il me semble que le jury a considéré que mon livre consacrait les valeurs d'engagement et de service à la collectivité qui étaient chères à Erwan Bergot. Les portraits de ces femmes combattantes s'inscrivent pleinement dans la culture de l'audace que cherche à promouvoir ce Prix. »

Vous êtes marraine du 4e Régiment étranger de la Légion Etrangère. Comment cette relation s’est-elle instaurée ?

M-L. B : « J'ai été admise en 2011-2012 à la 64ème session de l'IHEDN[2]. J'ai fait la connaissance de la Légion étrangère cette année-là. Peu à peu, des liens se sont tissés, notamment à travers la recherche de dons au profit des anciens de l'Institution et de leurs blessés. Je m’y suis engagée avec passion. Quelques années plus tard, ils m'ont fait en retour l'immense honneur de me demander d'être la marraine du 4ème RE. J'étais bouleversée ! Jusqu'à maintenant, il n'y avait eu qu'une seule marraine d'un régiment de Légion : la Comtesse Leïla du Luart, qui avait eu cet honneur en 1943. Aujourd’hui je considère la Légion Etrangère comme une seconde famille. Celle avec laquelle j'aime fêter Noël et participer à la cérémonie annuelle de Camerone ; et sans doute, je serai toujours à ses côtés quoi qu'il advienne, jusqu'à mon dernier souffle ! »

 

[1] Créé en 1995 par le chef d’état-major de l’armée de Terre, en mémoire de l’écrivain et journaliste Erwan Bergot, ancien officier parachutiste. Erwan Bergot était un auteur prolifique, qui a écrit des romans, des nouvelles, des essais et des biographies. Il était également un ardent défenseur des valeurs de l’armée de Terre.

[2] 'Institut des hautes études de défense nationale

La Fondation Marie-Laure Buisson.

Cette association a été créée en septembre 2018 pour soutenir des projets d’intérêt général en faveur des militaires, de leur famille et de leurs proches, notamment les blessés au combat et les familles de soldats morts pour la France ou décédés en service.

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