Au cœur de la mission cinéma du ministère des Armées
Alors que vient de s’ouvrir le Festival de Cannes, focus sur la Mission cinéma et industrie créative (MCIC) du ministère des Armées. Créée en 2016, elle accompagne les auteurs, scénaristes et réalisateurs qui portent à l’écran le fait militaire. Au croisement de la culture, du récit national et des enjeux stratégiques, ce service singulier agit comme un trait d’union entre les armées et les industries créatives. Son objectif : faire rayonner les armées, sans jamais censurer la création.
« On ne fait pas de propagande. Ce n’est pas notre œuvre, c’est la leur », martèle Eve-Lise Blanc Deleuze, cheffe de la mission cinéma du ministère des Armées. Depuis sa création en 2016, ce service placé au sein de la Délégation à l’information et à la communication de la défense (DICoD) joue un rôle unique : accompagner les projets de fiction ou de création documentaire traitant des armées françaises, tout en garantissant la crédibilité des récits et la fidélité aux valeurs de l’institution.
Un service à la croisée des mondes
Initialement centrée sur l’audiovisuel, la Mission cinéma a vu son périmètre s’élargir à l’ensemble des industries créatives : cinéma, séries, bande dessinée, romans, jeux vidéo, webtoons et même e-sport. « Pourquoi ? Parce que ces industries sont un vecteur de rayonnement extrêmement puissant. Une série comme Le bureau des légendes, accompagnée par notre équipe, a été vue par 230 millions de personnes », souligne Eve-Lise Blanc Deleuze.
Cette force de frappe s’appuie sur un double ressort : la puissance de diffusion et la capacité de la fiction à incarner les enjeux. « La fiction sensibilise, éclaire, met en scène des dilemmes moraux. Elle touche là où l’institution ne peut pas toujours aller. Et c’est pourquoi il est essentiel que ces représentations soient crédibles », explique-t-elle.
Un accompagnement sur-mesure
Concrètement, la mission cinéma intervient à toutes les étapes : relecture de scénarios, documentation, immersions sur le terrain, mise à disposition de décors militaires, organisation de rencontres avec des experts… « On leur dit simplement : dans la vraie vie, ça se passe comme ça. Libre à eux d’en tenir compte. Ce n’est pas de la censure, c’est du conseil », précise la cheffe de mission. « On ne leur demandera jamais de montrer des trains qui arrivent à l’heure. Mais il faut que les valeurs de l’institution soient respectées ».
Un équilibre subtil entre liberté artistique et responsabilité institutionnelle, qui repose sur une conviction : « La fiction pénètre l’inconscient collectif. Et surtout, elle s’y installe dans le temps long. On n’a pas le droit à l’erreur ».
Des projets variés et en croissance constante
Chaque année, la mission cinéma suit plus de 200 projets. Tous ne verront pas le jour — c’est la loi du secteur —, mais tous participent à la dynamique de création. « C’est comme le loto. Si on refuse de travailler avec un auteur parce qu’on ne sait pas si son projet va sortir, on ne gagnera jamais », assume Eve-Lise Blanc Deleuze.
Parmi les œuvres récentes accompagnées : la série Cœurs noirs ou encore le long-métrage 13 jours, 13 nuits, inspiré de l’opération d’évacuation de Kaboul en 2021, et qui sera présenté cette année au Festival de Cannes. Autant d’opportunités, selon elle, pour « montrer un savoir-faire militaire que les Français ignorent trop souvent ».
Susciter, nourrir, connecter
La mission ne se contente pas de répondre aux sollicitations. Elle agit aussi en amont, de manière proactive, en organisant des immersions thématiques – cyberdéfense, commandement de l’espace – ou en participant aux grands événements du secteur. « À Cannes, cette année, nous accueillons des streamers et producteurs hollywoodiens sur une frégate de la Marine nationale. L’idée, c’est de leur donner envie de tourner ici, avec nous, en France », résume-t-elle.
Un travail d’influence assumé, pour peser dans une industrie où les budgets peuvent aller du simple au centuple : « Un film français coûte en moyenne 4 à 5 millions d’euros. Un Top Gun ou un Mission Impossible, c’est plusieurs centaines de millions. L’ambition, demain, c’est d’entrer dans des coproductions internationales pour donner encore plus d’envergure à nos récits ».
Nouveaux terrains : webtoon, manga, e-sport
La mission explore également de nouveaux formats. En webtoon, elle co-développe avec un studio coréen une œuvre inspirée de la bataille de Crèvecœur*. Côté manga, un partenariat avec une école spécialisée permettra à des étudiants de créer des récits militaires en lien avec le 1er régiment d’infanterie de marine d’Angoulême. Enfin, l’e-sport voit émerger l’équipe interarmées Arkhè, en lice dans des tournois nationaux.
*bataille de la guerre de Corée qui se déroula du 13 septembre au 15 octobre 1951 et qui vit l'engagement du bataillon français de l'ONU rattaché au 23e régiment d'infanterie de la 2e division américaine.
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