Trop souvent, les regards se tournent exclusivement vers l’Est, vers les frontières continentales et les conflits qui les agitent. Pourtant, la France n’a jamais cessé de considérer le flanc Sud, et plus largement l’espace méditerranéen, comme une priorité stratégique. « Notre vision est à 360 degrés », a rappelé le colonel Jérôme Bouju lors d’un point presse consacré au prochain symposium international organisé par l’armée de Terre.

Succédant au symposium des chefs d’état-major africains de 2024, cette édition 2025 consacrée au flanc Sud rassemblera à Toulon quinze chefs d’état-major d’armée de Terre ou leurs représentants issus des deux rives de la Méditerranée. Une séquence forte, inscrite dans la continuité des partenariats bilatéraux, mais aussi dans une dynamique plus large, amorcée avec l’initiative « Flanc Sud », co-pilotée par la France et l’Italie depuis 2023.

Un partenariat fondé sur quatre piliers

La coopération militaire dans la région méditerranéenne repose sur des liens solides tissés autour de quatre grands axes : la formation, l’entraînement, les capacités et le rayonnement.

Du lycée militaire à l’École de guerre, la France accueille chaque année des officiers stagiaires issus de ces pays partenaires, tandis que des militaires français sont formés à leur tour dans des établissements étrangers. Des initiatives récentes, comme l’intégration d’un capitaine marocain à Coëtquidan, viennent renforcer cette dynamique.

Sur le plan opérationnel, les armées de Terre multiplient les exercices conjoints. Olyco, exercice grec d’envergure, a mobilisé l’an passé près de 300 militaires français et des véhicules blindés VBCI. Il a donné lieu à un jumelage inédit entre la 7^e brigade blindée de Besançon et la 25^e brigade mécanisée grecque. Autre exemple : l’exercice aéroterrestre biennal Chergui 2025 conduit avec le Maroc.

La coopération capacitaire n’est pas en reste, avec l’exportation du canon Caesar vers des pays partenaires comme le Maroc, la Croatie, et prochainement le Portugal.

Un symposium sous le signe du dialogue et de la résilience

Au-delà de son volet militaire, le symposium vise à renforcer les canaux de communication classiques et à co-construire des réponses communes aux défis contemporains : catastrophes naturelles, trafics illicites, menaces cyber, défis démographiques. Deux des quatre tables rondes seront ouvertes à la presse et au monde académique, pour élargir le débat stratégique et nourrir les échanges.

Moment fort du symposium, une séquence se tiendra au sein de l’unité de sécurité civile expérimentée de Brignoles, avec démonstrations de capacités en matière d’aide humanitaire et de secours d’urgence.

Enfin, une séquence à bord du porte-avions Charles de Gaulle viendra souligner le lien étroit entre les actions en mer et les engagements à terre. Car « la coopération commence en mer mais se conclut à terre », a rappelé le colonel Bouju.

Une ambition à long terme

L’armée de Terre s’inscrit dans une démarche de long terme : renforcer l’interopérabilité avec ses partenaires méditerranéens, favoriser les synergies régionales, structurer des réponses communes aux crises de demain.

Face à un environnement stratégique marqué par l’instabilité, le symposium des 2 et 3 juin entend faire du flanc Sud un espace de solidarité, de sécurité partagée et d’initiatives concrètes. Pour l’armée de Terre, il s’agit de consolider son rôle d’acteur crédible et coopératif dans un espace méditerranéen plus stratégique que jamais.