Shangri-La Dialogue : la France affirme son engagement stratégique en Indopacifique

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 27 mai 2025

À quelques jours de l’ouverture du Shangri-La Dialogue à Singapour, le capitaine de vaisseau Nicolas Rossignol, représentant de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS), a présenté les enjeux de la participation française à ce sommet de référence pour la sécurité en Indopacifique lors d’un point presse au ministère des Armées.

Le capitaine de vaisseau Nicolas Rossignol de la DGRIS lors du point presse du 27 mai. © Tanguy Barbancey /Ministère des Armées

Dans un contexte de recomposition des équilibres géopolitiques, marqué par une pression croissante sur le droit international et l’interconnexion des crises, la France réaffirme son engagement envers la stabilité et la sécurité régionales. « Il est essentiel de maintenir un dialogue étroit et continu avec les nations résidentes », a rappelé le capitaine de vaisseau Rossignol, soulignant l’importance d’une présence active sur le long terme dans la région.

Le Shangri-La Dialogue, organisé par l’International Institute for Strategic Studies (IISS), est l’un des forums les plus influents d’Asie du Sud-Est. Il réunit chaque année les ministres de la Défense et acteurs stratégiques d’une quarantaine de pays. L’édition 2025, qui se tiendra du 30 mai au 1er juin, sera marquée par un fait inédit : pour la première fois, un chef d’État européen — le Président de la République française — prononcera le discours d’ouverture du sommet. « Un symbole fort de la profondeur de nos liens avec la région », a souligné l’officier, ajoutant que cette prise de parole traduisait également « la reconnaissance de l’influence de la France sur la scène internationale ».

Une stratégie structurée et adaptée aux défis contemporains

La France est aujourd’hui la seule nation européenne disposant de territoires et de forces permanentes en Indopacifique. À ce titre, elle déploie une stratégie structurée autour de quatre piliers : la défense de ses territoires ultramarins, la promotion du droit international et du multilatéralisme, le renforcement de la stabilité régionale, et la prise en compte des effets du changement climatique.

« Malgré les tensions sécuritaires accrues sur le théâtre européen, la France continue d’assumer pleinement ses responsabilités en Indopacifique », a affirmé le capitaine de vaisseau Rossignol. Cette stratégie repose également sur une lecture fine des dynamiques régionales, segmentées en quatre sous-régions : le nord et le sud de l’océan Indien, le Pacifique Sud et l’Asie orientale. Cette approche permet d’adapter les moyens déployés, qu’il s’agisse de lutte contre la piraterie, de sécurisation des voies maritimes ou de coopération contre les trafics illicites.

Un engagement opérationnel et diplomatique renforcé

La séquence actuelle s’inscrit dans une dynamique riche. Le groupe aéronaval Clémenceau 25, récemment déployé jusqu’en mer de Chine méridionale, a permis de mener de nombreux exercices multilatéraux avec des partenaires clés tels que Singapour, l’Indonésie, les Philippines et la 7e flotte américaine. Parallèlement, la visite du Président de la République au Vietnam, en Indonésie et à Singapour vient souligner la densité des échanges diplomatiques avec la région.

Sur le plan multilatéral, la France participe à de nombreux forums régionaux : le Raisina Dialogue en Inde, le Seoul Defense Dialogue, le Beijing Xiangshan Forum en Chine ou encore le Dialogue stratégique en Mongolie. En complément, la DGRIS a animé une vingtaine de dialogues bilatéraux avec ses partenaires asiatiques depuis 2023, certains au format « 2+2 » associant le ministère des Armées et celui de l’Europe et des Affaires étrangères.

Une coopération européenne et régionale affirmée

La stratégie française s’inscrit également dans le cadre plus large de l’Union européenne. La France contribue activement à deux initiatives régionales : « Enhancing Security Cooperation in and with Asia », axée sur la cybersécurité et la gestion de crise, et « CRIMARIO », qui vise à sécuriser les voies maritimes stratégiques par le renforcement des capacités et l’échange d’informations.

« Cette stratégie est une déclinaison concrète de la notion d’autonomie stratégique portée par le Président de la République », a précisé le capitaine de vaisseau Rossignol. Elle vise à « fournir à nos partenaires une offre globale leur permettant de protéger leur souveraineté et de contribuer à la stabilité régionale ».

Une participation française très attendue

Le ministre des Armées interviendra lors de la quatrième séance plénière du Shangri-La Dialogue, consacrée aux nouveaux espaces de conflictualité : cyberespace, grands fonds marins, espace extra-atmosphérique. Cette intervention constituera l’un des temps forts du sommet, aux côtés de la prise de parole présidentielle.

Enfin, la participation française à ce sommet intervient dans le cadre du 60e anniversaire des relations bilatérales entre la France et Singapour, donnant à cette édition une portée à la fois stratégique et symbolique. « Le Shangri-La Dialogue est un rendez-vous stratégique à haute visibilité. Il permet à la France de valoriser ses engagements opérationnels et d’affirmer sa position d’acteur fiable, cohérent et respecté dans la région Indopacifique », a conclu le capitaine de vaisseau Rossignol.


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