Contrer la menace « drone » lors des Jeux
Les drones constituent une réelle menace lors des grands événements rassemblant du public. L’armée de l’Air et de l’Espace, avec le soutien de tous les services de l’État disposant de capacités de lutte anti-drone, se tient prête à contrer tous les risques lors des prochains Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris grâce à un dispositif hors norme. Explications.
La lutte anti-drone, qu’est-ce que c’est ?
La lutte anti-drone, ou LAD, consiste à neutraliser tous les risques engendrés par les drones. Les appareils suspects sont détectés, identifiés et traités – à savoir brouillés, interceptés ou détruits en fonction de leur dangerosité. La menace « drone » est en forte hausse car les appareils ont un coût limité et sont très faciles d’accès dans le commerce.
Quels sont les risques dans le contexte des Jeux olympiques et paralympiques ?
« Nous nous préparons à faire face à des menaces de types terroriste, contestataire ou d’usagers qui voudraient aller filmer les épreuves avec leur propre drone », précise le général Arnaud Bourguignon, responsable de la sécurisation aérienne pour les Jeux.
Les JOP représentent un véritable défi face au nombre d’épreuves et de sites à sécuriser – 35, partout en France. « Pour la seule lutte anti-drone, cela représentera 20 000 heures de surveillance, affirme le général Stéphane Mille, chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, dans son entretien pour le magazine Esprit défense n° 10 (page 8). En comparaison, le 14 juillet 2023, c’est 40 heures ; la Coupe du monde de rugby, où nous étions aussi en première ligne, c’était environ 2 000 heures. Pour les JOP, ce sera donc dix fois plus ! »
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S’appuyer sur un dispositif robuste
Pendant les Jeux, un dispositif particulier de sûreté aérienne sera mis en place dans les villes de Paris et Marseille, en plus du dispositif classique quotidien. « Cela signifie que sur un périmètre et une temporalité définis nous allons renforcer nos capacités de détection et d’intervention », explique le lieutenant-colonel Thomas Viala, adjoint du chef d’état-major de la Brigade aérienne de la posture permanente de sureté. Ce dispositif mobilisera alors 300 personnels de l’armée de l’Air et de l’Espace.
Dans les bulles de sureté parisienne et marseillaise, plusieurs moyens vont être installés pour créer un maillage territorial très précis, avec une priorité donnée autour des sites olympiques ouverts sur l’extérieur. Parmi ceux-ci, les systèmes lourds comme Parade, Bassalt et Milad. Postés le plus souvent sur les toits, ils assurent une détection à longue distance et sont capables de brouiller les drones sur plusieurs kilomètres. « En revanche, ces moyens ne voient pas à travers les murs ni à travers les arbres, ils seront combinés avec d’autres systèmes de détection et des patrouilles munies de fusils brouilleurs », indique le lieutenant-colonel Viala.
L’ensemble de ces capteurs transmettra ses informations à un nouvel outil, mis au point pour les JOP : la situation aérienne partagée (SAP). Elle permet une cartographie de tous les drones en vol sur une zone précise. Un second outil de gestion des drones autorisés (DAD), connecté à SAP, permettra la discrimination entre les engins disposant d’une autorisation de vol, comme par exemple les médias, et ceux non-autorisés.
Des moyens de neutralisation efficaces
En cas de détection de drones malveillants, plusieurs options sont disponibles pour les neutraliser. Premièrement, le brouillage. Cette technique vise à perturber les moyens de navigation de l’appareil sa liaison avec la télécommande du télé-pilote ou avec son système de positionnement (GPS). « L’idée, c'est de faire plus de bruit autour du drone pour qu’il perde le signal avec le télé-pilote », relève le lieutenant-colonel Viala. Le drone réagit alors selon la manière dont il a été programmé : il reste le plus souvent en stationnaire, peut se poser ou bien se replier.
Deuxièmement, les lasers. Ils entrainent alors la destruction de l’engin mais aussi sa chute. Un troisième moyen est aussi utilisé pour limiter ce risque de chute : les drones intercepteurs. Grace à un filet, ces appareils sont capables de capturer les engins malveillants et de les entrainer dans une zone définie. « C’est une arme très intéressante car la menace est éloignée et les risques sont très limités », affirme le lieutenant-colonel Thomas Viala.
Travailler avec l’ensemble des services de l’État
Lors des Jeux, l’armée de l’Air et de l’Espace va coordonner la LAD de niveau interministériel sur le tout le territoire national. Concrètement, le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes travaillera avec les trois armées et les forces de sécurité intérieure qui disposent de moyens de lutte anti-drone comme la Gendarmerie ou la Police nationale. « Il s’agira de coordonner l’ensemble de ces systèmes pour garantir une couverture optimale. Nous avons ainsi défini des standards, mis en réseau des systèmes qui n’avaient pas vocation initialement à travailler ensemble, et intégré tout cela dans une structure unique », a expliqué le général Stéphane Mille.
S’entrainer
Les armées ont participé à deux exercices Coubertin LAD en janvier 2023 et mars 2024 dans l’optique de tester le dispositif envisagé lors des JOP. Les opérateurs se sont donc entraînés à réagir au plus vite face à des incursions simultanées de drones à différents endroits. Lors du dernier exercice, plus de 50 drones inconnus ont été traités sur le territoire national en seulement deux jours, soit autant que durant toute la durée de la Coupe du monde de rugby.
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