Sécurisation des Jeux : la contribution des armées
L’été 2024 sera festif à Paris, avec l’accueil des Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Face à l’afflux exceptionnel de touristes, la France sera un lieu de célébrations, mais elle devra également faire face à un besoin inédit à cette échelle : celui de protéger les cérémonies, les Jeux ainsi que l’ensemble des athlètes et des visiteurs. Un défi que les armées vont participer à relever.
Cet article est tiré d’Esprit défense n°11.
Le 26 juillet 2024, la cérémonie d’ouverture marquera le début des Jeux de la XXXIIIe olympiade. Jusqu’au 8 septembre, 14 900 athlètes olympiques et paralympiques de 206 pays s’affronteront dans la plus célèbre compétition sportive de l’Histoire. La France s’apprête alors à accueillir près de 16 millions de visiteurs1 : un défi énorme, en matière de sécurité, que les armées contribueront à relever en appui des forces de sécurité intérieure.
Quels sont les risques ? « Menace terroriste, chute d’avion, attaque de drone, mouvement perturbateur à l’entrée des emprises militaires, période caniculaire au-delà de 45 °C, fuite d’agent chimique… », énumère le général Christophe Abad, gouverneur militaire de Paris. Chacun de ces scénarios a été simulé dans un environnement réaliste lors de l’exercice Coubertin, en novembre dernier. Les armées se tiennent donc prêtes à contrer tous types de menaces lors des Jeux, et ce, dans tous les milieux – terre, air, mer.
1 Estimation de l’office du tourisme et des congrès de Paris, en février 2023.
Un appui essentiel au sol
L’armée de Terre, avec les deux autres armées, contribuera à la protection des spectateurs et des sites olympiques sur la base de l’opération Sentinelle2, adaptée et renforcée pour les JOP. Elle appuiera ainsi les forces de sécurité intérieure, selon les besoins exprimés dans le cadre du dialogue civilo-militaire et interministériel. Pourquoi un tel dispositif ? Car les compétitions se joueront simultanément sur 41 sites différents et dans de nombreuses villes : Bordeaux, Nantes, Lyon, Saint-Étienne, Nice, Marseille, Lille et même… Tahiti. L’autre défi consistera à travailler sur une durée plus longue que les événements sportifs ordinaires : les JOP se dérouleront sur 30 jours, étalés entre le 26 juillet et le 11 septembre.
Face à l’ampleur des compétitions dans la capitale et aux alentours, la très grande majorité des militaires mobilisés sera déployée spécifiquement en Île-de-France. Parmi les missions confiées aux armées, dès le 15 juillet, la responsabilité d’une zone protégée érigée en amont du pont d’Austerlitz. Le but : garantir la préparation de la cérémonie d’ouverture.
Afin d’intervenir le plus rapidement possible en cas de besoin, la pelouse de Reuilly sera transformée en camp militaire pour loger 4 500 soldats. Ce lieu permettra de « positionner les unités au plus près des sites des épreuves, pour minimiser les distances et les déplacements afin d’accroître notre niveau de réactivité, explique le général Abad. Une emprise majeure en matière de stationnement. »
Entraînées à faire face à des situations extrêmes, les armées détiennent une palette de compétences spécifiques, notamment dans les domaines de la cyberdéfense, de la recherche et la neutralisation d’explosifs, ou encore des risques nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques. Celles-ci seront mises au service de la sécurisation des Jeux, tout comme des équipes cynotechniques et de démineurs. Le Commandement de la cyberdéfense3 apportera, quant à lui, son concours à l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information pour contrer les possibles cyberattaques.
2 Opération militaire de lutte antiterroriste sur le territoire national, lancée aux lendemains des attentats de janvier 2015.
3 Le Comcyber protège les systèmes d’information du ministère des Armées et il conduit les opérations dans le cyberespace.
Détecter et intercepter les menaces aériennes
Dans les airs, les menaces sont multiples : méconnaissance des consignes de vol, accident ou détournement d’avion. Chaque jour, l’armée de l’Air et de l’Espace veille pour identifier près de 12 000 avions qui transitent par l’espace aérien français. Lors des Jeux, cette sécurisation sera renforcée par le déploiement de nombreux moyens militaires : avions radar Awacs, drones Reaper, Rafale… Le soir de la cérémonie d’ouverture, cette surveillance sera facilitée par la fermeture de l’espace aérien dans un rayon de 150 km autour de Paris. Concrètement, aucun avion civil ne pourra décoller ou atterrir des aéroports de Roissy, Orly ou Beauvais entre 19 h et minuit.
Ce dispositif aérien a aussi pour rôle de détecter les drones suspects, une menace très prégnante du fait de la facilité d’accès à l’achat de ces appareils et de leur coût limité. Pour ce volet, l’armée de l’Air et de l’Espace coordonne la lutte antidrone (LAD) de niveau interministériel sur le territoire national. « Nous nous préparons à faire face à des menaces de types terroriste, contestataire ou d’usagers qui voudraient aller filmer les épreuves avec leur propre drone », précise le général Arnaud Bourguignon, responsable de la sécurisation aérienne pour les Jeux. Deux exercices Coubertin LAD – en janvier 2023 et en mars 2024 – ont élaboré différents scénarios pour entraîner les opérateurs à réagir au plus vite face à des incursions de drones.
Ces bulles de protection aérienne constituent enfin un défi lié au nombre d’épreuves et de sites à sécuriser. « Cela représentera 20 000 heures de surveillance, s’exclame le général Stéphane Mille, chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, dans son entretien pour Esprit défense n° 10. En comparaison, le 14 juillet (2023), c’est 40 heures ; la Coupe du monde de rugby, où nous étions aussi en première ligne, c’était environ 2 000 heures. Pour les JOP, ce sera donc dix fois plus ! »
Protéger les côtes
De son côté, la Marine nationale a pour mission quotidienne de défendre les approches maritimes françaises sur, sous et au-dessus de l’eau. Objectif : anticiper et contrer les menaces, même celles les plus éloignées des côtes françaises. En complément de son rôle de sécurisation permanente, la Marine nationale contribuera à protéger les sites olympiques de Marseille, lors des épreuves de voile, et de Teahupo’o à Tahiti, pour les compétitions de surf, aux côtés des autres administrations de l’État. Les marins devront, plus que jamais, faire face aux incidents sécuritaires et porter assistance en cas d’accident en mer. Enfin, pour protéger le plan d’eau, des moyens spécialisés – tels qu’une cellule antipollution et un groupe de plongeurs démineurs – seront engagés.
Par Laura Garrigou
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