Patrouilleurs de service public : les protecteurs de l’État en mer
Sauvetage en mer, lutte contre les pollutions maritimes, prévention des trafics illicites, contrôle de la bonne application de la réglementation… Les patrouilleurs de service public (PSP) accomplissent diverses missions de défense maritime du territoire national. À l’approche des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), la Marine nationale participe pleinement au dispositif de sécurisation. Embarquement à bord du PSP Flamant.
Cet article est tiré d’Esprit défense n° 12.
« Il est trois heures du matin. Notre chef de quart a détecté une petite embarcation d’une quinzaine de personnes. Elle a quitté la plage de Boulogne-sur-Mer, il y a une petite heure », indique le capitaine de corvette Sébastien, commandant du patrouilleur de service public Flamant. Dans l’obscurité, sur la passerelle, seule une légère lumière rouge éclaire l’équipage. Tous s’activent pour se rapprocher du canot naviguant sur la Manche. Malgré la proximité du canot, un doute subsiste sur la situation à bord : « Avez-vous besoin d’aide ? » demande un officier subalterne avec un mégaphone. « Si oui, levez la main ! »
« Après nos interrogations, nous pouvons confirmer qu’il n’y a pas de nécessité d’assistance immédiate. Nous restons à proximité en surveillance. Nous devons nous tenir prêts si l’embarcation chavire à l’improviste », précise le commandant.
Admis au service actif le 18 décembre 1997, le Flamant est le premier d’une série de trois PSP construits pour le compte de la Marine nationale à Cherbourg, avant le Cormoran et le Pluvier. Ce navire polyvalent, doté d’un équipage de 20 marins, participe aux missions de l’action de l’État en mer (AEM). Cette nuit-là, il suit de près ce canot pneumatique parti des côtes françaises dans l’espoir de rejoindre la frontière britannique. Par sa surveillance, le Flamant répond à l’une de ses missions principales : la sauvegarde de la vie humaine.
« Nos missions sont nobles, c’est extraordinaire de sauver des vies »
Au cours de sa traversée, le canot décide d’effectuer une halte près d’une autre plage pour récupérer d’autres individus. « Dans ce type de mission, nous travaillons conjointement avec les Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (Cross) et les forces de sécurité intérieures (FSI), explique le capitaine de corvette Sébastien. « Chacun a son rôle. Les FSI ont pour objectif d’empêcher ces nouvelles personnes d’embarquer afin de ne pas mettre leur vie en danger. » De son côté, le Flamant reste à proximité, prêt à intervenir en cas de naufrage.
Ces missions de recherche et de sauvetage en mer sont toutes coordonnées par les Cross à l’intérieur des zones sous responsabilité française. Sept jours sur sept et 24 heures sur 24, ils assurent des missions de service public et ils traitent environ 15 000 opérations de sauvetage en mer par an. Le bosco*, le second maître Quentin, 28 ans, commande les hommes aux manœuvres du pont : « Je dispose d’une vue d’ensemble. J’ai la confiance du commandant. Je vis pour la Marine nationale. C’était mon rêve de travailler sur l’eau, raconte-t-il. Nos missions sont très nobles. Sauver des vies reste extraordinaire. »
« Lors de mon premier sauvetage, un nouveau-né se trouvait à bord »
Pour lui, l’année dernière demeurera inoubliable : « Les conditions météorologiques étaient particulièrement mauvaises. Nous avons sauvé deux embarcations, coup sur coup, avec un total de 80 naufragés. Des enfants se trouvaient à bord. Leurs bateaux pneumatiques sombraient, se rappelle-t-il. Sur un PSP, nous avons tous besoin les uns des autres. Ce type de mission permet aussi de ressouder l’équipage. »
Mais la sauvegarde de la vie humaine n’est pas l’unique mission des patrouilleurs de service public. Le spectre de leurs interventions va de la surveillance du trafic maritime au contrôle de l’application des réglementations en matière de pêche et de navigation. Ils luttent également contre les trafics illicites et les pollutions maritimes. « Les missions de sauvegarde de la vie humaine s’effectuent sur la base du volontariat. Il y a un côté très stimulant avec le sentiment d’être utile, c’est gratifiant pour l’équipage », assure le commandant. Lorsqu’une embarcation chavire, les PSP peuvent intervenir rapidement avec des réactions appropriées : quatre membres d’équipage ont suivi une formation spécifique de « nageur-sauveteur » pour secourir les naufragés. L’enseigne de vaisseau de 1re classe Valentin, 24 ans, est l’un d’entre eux : « C’est marquant comme expérience. Lors de mon premier sauvetage, un nouveau-né se trouvait à bord. Nous l’avons déplacé de bras en bras. Tous les naufragés étaient frigorifiés. »
Durant ce type d’intervention, les personnes sont évacuées de leur canot, une par une pour éviter un basculement de ce dernier. Des membres de l’équipage effectuent les premiers gestes d’assistance médicale et de sécurisation. « Nous les dirigeons ensuite dans une tente installée à bord. Nous leur distribuons des bouteilles d’eau, des couvertures de survie et de la nourriture, détaille l’enseigne de vaisseau de 1re classe. Puis, nous retournons à quai pour les débarquer. » « Les naufragés sont ensuite pris en charge par la police aux frontières et les associations », explique le quartier-maître de 2e classe Audrey, 32 ans. En cas de naufrage, elle se retrouve régulièrement au contact des familles. « Elles risquent leur vie pour rejoindre la Grande-Bretagne. Le premier contact avec elles est important. J’ai véritablement trouvé ma place à bord. Nos missions sont fondamentales. »
La Marine nationale intégrée dans le dispositif de sécurité des JOP
Des missions primordiales saluées par Emmanuel Macron lors de ses vœux aux armées sur la base navale de Cherbourg, le 19 janvier dernier : « Vous êtes confrontés aux missions de sauvetage de la vie humaine en mer, dans un environnement exigeant et face à une pression migratoire majeure. Ce que vous faites ici est essentiel pour notre souveraineté, pour le respect du droit international, du droit humanitaire, du droit de la mer, et vous avez tout mon soutien. »
À l’approche des Jeux olympiques et paralympiques, la Marine nationale participera pleinement au dispositif de sécurité déployé sur le territoire national. Afin de détecter, d’anticiper et éventuellement de déjouer toute menace en mer, des dispositifs particuliers de sauvegarde maritime seront mis en œuvre. Grâce à ses moyens hauturiers, comme les PSP, la Marine nationale prendra part à la sécurisation des approches maritimes du territoire national et, grâce à ses compétences spécifiques, à la détection de mines et à la lutte contre les pollutions marines.
Par Margaux Bourgasser
*Dans la Marine nationale, le bosco désigne le maître de manœuvre.
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