Économie de guerre : reconquérir le segment drones

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 28 février 2025

Sur l'aérodrome de Blois-Le Breuil, en Loir-et-Cher, Sébastien Lecornu a visité, jeudi 27 février, le site de l'entreprise Turgis et Gaillard qui y développe un drone moyenne altitude longue endurance (MALE) entièrement français. Un projet qui bénéficie d’un accompagnement de la Direction générale de l’armement (DGA), notamment à travers des subventions.

Sébastien Lecornu, à Blois, devant le drone MALE de l'entreprise Turgis et Gaillard © Compte X de Sébastien Lecornu

Equiper les armées françaises avec du matériel de pointe et conquérir des marchés à l'export

Les drones prennent aujourd’hui une place de plus en plus forte dans les conflits. Utilisés en masse en Ukraine, ils peuvent saturer les défenses ennemies et jouer un rôle central dans les opérations militaires. Au Proche et Moyen-Orient, les capacités de frappe et d’interception ont souligné le besoin constant de précision et de haute technologie. Pourtant, pendant près de deux décennies, la France a accumulé un retard significatif dans le développement de drones militaires, qu'ils soient lourds pour le renseignement et le combat, ou plus petits pour des usages individuels. Un retard en partie dû à une sous-estimation de cette révolution technologique venue du monde civil, qui a transformé le paysage militaire mondial.

L’objectif, selon Sébastien Lecornu, ministre des Armées, est désormais le suivant : « Faire en sorte qu'en 2029-2030, nous ayons, non pas rattrapé le retard, mais fait un saut technologique d'une génération pour se remettre complètement au goût du jour et être capable de conquérir un certain nombre de marchés ». L'ambition est double : équiper les armées françaises avec du matériel de pointe et conquérir des marchés à l'export. Cette volonté s'inscrit dans une dynamique d'innovation et de prise de risque, essentielle pour maintenir la compétitivité de l'industrie française.

Favoriser les acteurs innovants

Sur le sujet des drones MALE, capables de mener des opérations particulièrement longues, y compris sur des terrains peu permissifs, les armées françaises s’appuient aujourd’hui sur les matériels américains Reaper, car « la France n’a, jusqu'à présent, pas de tels drones », a rappelé le ministre. Un projet européen avait alors émergé, l’euroMALE, mais dont « les dérives de calendrier me préoccupent au plus haut point », a abondé Sébastien Lecornu. 

Il a ainsi rappelé une nouvelle démarche consistant à réorienter les « sommes de retard que nous doivent les industriels qui n’étaient pas capable de délivrer ces grands programmes qui sont clés pour l’armée française » vers « des acteurs plus petits, pour leur laisser chance dans le développement » de technologies innovantes. Avec à la clé de potentielles commandes pour équiper nos armées, ainsi que la création d’emplois dans nos territoires. « C'est ainsi qu'un premier contrat a été passé en novembre dernier, entre la Direction de la maintenance aéronautique du ministère des Armées et l’entreprise Turgis et Gaillard, qui a permis de poser un premier jalon dans leur programme de drone MALE », a poursuivi le ministre. 

Une démarche généralisée à l’ensemble du spectre des drones

Cette volonté concerne par ailleurs l’ensemble des différents types de drones. Du drone tactique individuel, à propos duquel « demain, il n'y a pas beaucoup de schémas dans lesquels, sur un champ de bataille, un soldat n'aurait pas son drone parmi son armement individuel » comme l’a rappelé Sébastien Lecornu, aux tailles intermédiaires capables d’accompagner des véhicules, jusqu’aux drones aéronefs de grande taille comme les MALE ou celui qui accompagnera demain le Rafale porté au standard F5, en passant par les munitions téléopérées – les drones « kamikazes » - dont le ministre a rappelé les travaux déjà engagés sur ceux de petite taille autour de l’industriel Delair et livrés à l’Ukrain. Il a par ailleurs exprimé le souhait que la France puisse développer, à l’horizon 18 mois, une sorte d’équivalent français au drone Shahed iranien qui « lui sera fiable, aura vocation à être précis et surtout (…) aura vocation à survivre dans n’importe quel environnement brouillé ».

Pour répondre à ces impératifs, il est crucial de poursuivre les efforts entamés dans le cadre de l'économie de guerre : produire plus, plus vite, innover et encourager la prise de risque par les industriels. Cela passe notamment par une simplification des normes et des réglementations ainsi qu'un soutien accru des industriels par la Direction générale de l'armement dans le cadre du Pacte drones, et plus largement dans la continuité de la réforme de la DGA annoncée à Vert-le-Petit le 24 octobre 2024. 


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