« Notre coopération avec Singapour est ancienne et tournée vers l'avenir », a déclaré Sébastien Lecornu depuis l’hôtel de Brienne. Jeudi matin, le ministre des Armées y accueillait le ministre singapourien de la Défense, le docteur Ng Eng Hen.

Singapour se situe au carrefour des océans Indien et Pacifique, à proximité immédiate de la mer de Chine. L’île occupe ainsi une position géographique stratégique unique. Les détroits de Malacca et de Singapour, où transitent 30 % du trafic maritime mondial, sont en effet incontournables pour relier l’Europe et l’Asie par la voie maritime la plus courte. Toute perturbation de la navigation a de graves conséquences sur les plans militaire et commercial, d’autant plus que le port de Singapour se place en deuxième position mondiale dans l’accueil de conteneurs. De son côté, la France est également une puissance riveraine de l’Indopacifique. Cette région abrite en effet 1,6 millions de citoyens français et 90 % de sa zone économique exclusive. Des territoires qu’il faut protéger du pillage, de la pollution ou du changement climatique.

La France et Singapour font donc face aux même enjeux dans une région marquée par l’accroissement des tensions sino-américaines. Pour y répondre, les deux pays ont construit une relation bilatérale illustrant cette vision commune quant à l’évolution de l’environnement stratégique en Asie du Sud-Est. Pierre angulaire de ce partenariat : maintenir un équilibre régional basé sur le respect du droit international. Depuis 25 ans, plusieurs étapes marquent ainsi cette volonté partagée :

Dès 1998, Paris et Singapour ancrent leur coopération par l’arrivée d’un détachement de la Force aérienne singapourienne au sein de la base aérienne 120 de Cazaux (Gironde). La raison ?  L'espace aérien de la cité-Etat est beaucoup trop restreint. Son armée de l'Air doit donc s’entraîner ailleurs. Près de Bordeaux, son escadron 150 a trouvé l’emplacement idéal pour former ses pilotes de chasse. Une douzaine sont ainsi formés chaque année et près de 400 Singapouriens vivent autour de la base de Cazaux.

• En 2012, la France et Singapour signent une déclaration conjointe élevant la relation entre les deux pays au rang de partenariat stratégique. Ce dernier se décline dans de nombreux domaines : politique, défense, culturel et scientifique. La Marine nationale et la Republic of Singapore Navy entretiennent ainsi des liens solides basés sur la confiance mutuelle. Les deux marines travaillent en étroite collaboration pour promouvoir un ordre fondé sur le droit international maritime, la liberté de navigation et la coopération en matière de sécurité maritime.
• Le 11 juin 2022, le général d’armée aérienne Eric Autellet, major général des armées, signe un accord mutuel de soutien logistique à Singapour même. Il est alors entouré par Sébastien Lecornu et le Dr. Ng Hen Eng. Avancée notable pour faciliter la fourniture d’un soutien logistique au profit des forces armées des deux pays. L’événement s’est déroulé en marge du Shangri-La Dialogue, une conférence internationale annuelle consacrée à la défense et à la sécurité dans la zone Asie-Pacifique. Vrai lieu d’échange et de discussion, ce rendez-vous réunit les ministres de la Défense et les plus hauts responsables militaires des quelque 50 pays représentés.
• Le 19 avril 2023, la France et Singapour accentuent leurs relations dans le domaine de l’innovation de défense, via la signature d’un arrangement technique. A la clé, la création d’un laboratoire conjoint, spécialisé dans le domaine de l'intelligence artificielle et basé dans la cité-Etat. En ligne de mire : favoriser le rapprochement de chercheurs français et singapouriens pour proposer puis conduire des projets d'intérêt communs. Parmi les domaines d’application abordés, le renseignement, les systèmes de commandement, l'aide à la décision, l'autonomie, la supériorité opérationnelle dans le combat ou encore le soutien à la recherche et au développement.

Cette coopération s’inscrit dans le cadre de l’accord SAFARI (en anglais, Singapore And France Advanced Research Initiative). Créé en 1997, il a permis, au fil des années, de construire une relation bilatérale solide entre les partenaires étatiques et industriels des deux pays. A ce jour, plus de 70 projets ont été réalisés conjointement, notamment dans les domaines navals, robotiques, biologiques et chimiques.