« Il y a une réelle volonté de lutter contre les VSS au sein du ministère »

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 11 octobre 2024

Entretien avec la docteur Ghada Hatem, fondatrice du collectif maison des Femmes-Restart et membre du comité de suivi du programme de lutte contre les violences sexuelles et sexistes (VSS) au sein des armées, qui s’est réuni pour la première fois ce vendredi 11 octobre.

Dr Ghada Hatem, médecin réserviste, présidente de la Maison des Femmes de Saint-Denis. © GH

Médecin réserviste, la Dr Ghada Hatem est gynécologue-obstétricienne. Elle a travaillé pendant une dizaine d’années à l’hôpital d’instruction des Armées Bégin avant de fonder la maison des Femmes de Saint-Denis en 2016. Cette association est la première à avoir signé une convention avec le ministère des Armées et des Anciens combattants afin de lutter contre les VSS au sein de l’institution.

Qu’est-ce que la maison des Femmes ?

C’est une association qui accueille les femmes victimes de violences - dans leur enfance, dans leur pays d’origine, ou dans leur couple - actuelles ou dans le passé et qui ont besoin d’un accompagnement car cela impacte leur santé. Depuis que j’ai fondé la maison des Femmes de Saint-Denis en 2016, d’autres structures se sont développées sur tout le territoire. Elles ont chacune leurs particularités en fonction des besoins de leur région. Depuis 2020, nous les avons regroupées au sein du collectif Restart.

Qu’est-ce que recouvre l’accueil des victimes au sein de vos structures ?

Nous essayons de répondre autant que possible à la quasi-totalité des besoins. Nous apportons un accompagnement médical – y compris en santé mentale. À Saint-Denis, notre équipe est composée d’un psychologue et d’un psychiatre. Une permanence juridique est également à la disposition des victimes, afin de leur faire connaître leurs droits et de leur apporter un accompagnement social. Nous avons aussi signé une convention avec la police judiciaire pour permettre aux femmes qui le souhaitent de porter plainte au sein même de nos structures.

Quelle est la nature du partenariat avec le ministère des Armées et des Anciens combattants ?

Nous avons signé, le 18 juillet dernier, une convention-cadre d’une durée de 5 ans. Elle se décline en trois volets : tout d’abord un cadre pour l’orientation et l’accompagnement des femmes placées sous l’autorité du ministère et victimes de VSS. Ensuite, un volet formation au bénéfice du personnel du ministère impliqué dans la lutte contre ces VSS. Il s’agit, enfin, de prévenir ces violences par des actions de sensibilisation auprès des agents et dans les écoles de formation militaire.

Fin de consultation pour la docteur Ghada Hatem à la Maison des Femmes de Saint-Denis. © GH

Cette convention-cadre a été signée très rapidement après la publication du programme de lutte contre les VSS de l’instruction militaire, est-ce que vous aviez déjà travaillé ensemble en amont ?

Nous avions déjà effectué une formation auprès des médecins sous-mariniers de Brest au printemps dernier. Mais la signature de la convention acte un véritable changement de perspective dans la lutte contre les VSS au sein du ministère. Elle permet de faire des missions de prévention et de sensibilisation régulières. La rapidité de cette signature montre bien la volonté du ministre de lutter efficacement contre les VSS dans les armées. C’est aussi un bon moyen de nous faire connaître auprès de victimes éventuelles au sein du ministère.

Comment la convention est-elle concrètement mise en œuvre ?

Par la signature de conventions locales avec les maisons des Femmes des territoires. Le ministère nous fournira ensuite la liste des personnels – y compris dans les écoles – à former. À notre échelle,

nous préparons des outils communs pour la formation des cadres. Cela nous permettra de fournir une formation homogène et clé en main. Nous avons notamment mis l’accent sur l’importance de former les cadres aux VSS afin de leur donner les outils pour accueillir la parole de la victime éventuelle dans leur équipe.

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