« La Marine nationale en première ligne face à la multiplication des événements climatiques violents »
Affronter les conséquences du dérèglement climatique. Pour répondre à ces défis, la Marine nationale adapte ses moyens, coopère et s’entraine. L’exercice de gestion de crise post-catastrophe naturelle et d’assistance humanitaire Croix du Sud 2023 en est une illustration. Le commandant de la composante maritime de l’exercice, le contre-amiral Cédric Chetaille, décrypte les enjeux d’un tel entraînement.
Avec le dérèglement climatique, les catastrophes naturelles sont vouées à être plus violentes et plus fréquentes. Comment la Marine nationale s’y prépare-t-elle ?
Par sa dimension mondiale, la Marine nationale est en première ligne face à la multiplication des événements climatiques violents. Ceux-ci se déroulent dans nos zones de déploiement habituelles, comme le Pacifique Sud, l’arc antillais ou les zones polaires. Il faut nous préparer à agir et adapter nos moyens d'action pour répondre à ces missions de sauvetage, aussi appelées Humanitarian assistance and disaster relief (HADR). Je pense notamment aux bateaux déployés en outre-Mer, comme les bâtiments de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM). Particulièrement adaptés à l’intervention humanitaire, ils sont capables de transporter du matériel d’assistance, allant des palettes de vivres aux générateurs diesel. Equipés d’une grue pour débarquer la cargaison, les BSAOM naviguent également dans des petits fonds et s’approchent de rivages très endommagés, voire inaccessibles.
Justement, du 24 avril au 6 mai, l’exercice Croix du Sud 2023 s’est déroulé en Nouvelle-Calédonie. Vous en avez commandé la composante maritime. Le point de départ du scénario était une catastrophe naturelle causée par un tsunami dans un pays fictif. Quel bilan tirez-vous de cet exercice pour la Marine nationale ?
La contribution de la Marine nationale à cet exercice a été inédite : déploiement du porte-hélicoptères amphibie Dixmude, de la frégate La Fayette et, pour la première fois, d’un état-major embarqué. Ce dernier avait pour mission de diriger et de coordonner tous les moyens maritimes déployés. C’était l’occasion d’accumuler de l’expérience dans un scénario HADR crédible. Nous avons répondu concrètement à ces questions : comment prioriser nos actions ? Comment venir porter secours aux populations ? Comment s’entraîner à les accueillir à bord ? Nous avions déjà répondu à ces questions sur le territoire national après l’ouragan Irma aux Antilles en 2017, et nous continuons à nous entraîner pour maintenir ces savoir-faire. Chaque navire, chaque marin a ainsi véritablement contribué à cet exercice. Tous ont augmenté leur capacité d’intervenir dans un cas réel.
Sur place, échangiez-vous avec la population locale ?
Le volet informationnel n’a pas été négligé. Expliquer nos actions à la population est crucial : pourquoi intervenons-nous, comment le faisons-nous et surtout que sommes-nous capables d’effectuer ou non ? Conserver la maîtrise de l’information fait partie de toute opération. C’est aussi un élément qui conditionne l’accueil des populations locales à l’action humanitaire. Il nous faut veiller à ne pas favoriser des factions ou des intérêts locaux de manière indirecte. Et surtout de ne pas créer une situation politiquement ingérable.
Croix du Sud était un exercice interarmées et interallié. Pourquoi ces opérations se réalisent-elles le plus souvent en coopération ?
La coopération est un démultiplicateur de force. Chaque nation possède des savoir-faire différents, une expertise tirée de ses expériences propres. Les Australiens ont, par exemple, déployé un navire civil de soutien pour les plongeurs. Ceux-ci se sont avérés essentiels : une fois à l’eau, ils étaient capables de signaler l’état des infrastructures portuaires, de retrouver des bateaux coulés et ils ont aussi effectué des travaux sous-marins. La coopération s’effectue également avec la société civile. A partir d’une contribution de la réserve de la Marine nationale, nous sommes ainsi en train de développer une équipe spécialisée dans l’évaluation des dégâts post-catastrophes naturelles en frange littorale.
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