Objectif 2038 : comment la France va renouveler son groupe aéronaval

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 04 novembre 2024

Le groupe aéronaval (GAN) est un pilier essentiel de la puissance navale française. Afin de toujours garder une longueur d’avance sur les évolutions technologiques, la Direction générale de l’armement entreprend, au profit de la Marine nationale, le renouvellement des bâtiments composant le GAN. À commencer par son élément central : le porte-avions Charles de Gaulle. Ce qui va changer d’ici 2038.

Exercice Varuna qui s'est déroulé pendant la mission CLEMENCEAU, en avril 2021. © Marine nationale

Onze. C’est le nombre de pays possédant un ou plusieurs porte-avions (ou porte-aéronefs) dans le monde. La France est d’ailleurs la seule, avec les États-Unis, à avoir adopté la propulsion nucléaire et la technologie des catapultes et brins d’arrêt, dite « CATOBAR », pour ce type de navires.

Le groupe aéronaval actuel

Le Charles de Gaulle ne navigue cependant jamais seul. Il forme, avec les bâtiments qui l’entourent, le groupe aéronaval (GAN). Ce dernier est constitué de frégates qui possèdent des compétences de lutte anti-aérienne et de lutte anti-sous-marine. S’ajoute ensuite un pétrolier ravitailleur de forces permettant de ravitailler en carburant, vivre et pièces détachées la force à la mer. Un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) est également inséré dans le dispositif. « C’est une paire d’yeux et d’oreilles supplémentaires au profit du GAN. Nous parlons bien de capteurs spécifiques et donc complémentaires de ceux des autres moyens du groupe aéronaval », précise le capitaine de frégate Antoine Richebé, ancien commandant intégré au sein du GAN. Mais le GAN, c’est aussi et surtout le groupe aérien embarqué : jusqu’à 30 aéronefs au total avec des Rafale Marine, des E-2C Hawkeye et des hélicoptères Dauphin et Caïman Marine.

Exercice La Sirène entre la marine grecque et le groupe aéronaval, mer Méditerranée, en mars 2022. © Marine nationale

Le porte-avions du futur

Le GAN de nouvelle génération s’incarne avant tout par le remplacement de sa pièce maîtresse. Mis en service en 2001, le « Charles », comme l’appellent les marins, devrait quitter la flotte en 2038. Un nouveau géant à propulsion nucléaire prendra alors la relève.

L’intelligence artificielle (IA) sera évidemment au cœur du futur bâtiment de la Marine nationale.

« Comme on ne peut pas préjuger des technologies qui sortiront d’ici là, l’enjeu n’est pas tellement de définir les prochains algorithmes d’IA du PA-NG. Nous pouvons, par contre, déterminer les concepts d’emploi opérationnel et le lien entre l’humain et la machine, indique Bertrand Rondepierre, directeur de l’agence ministérielle pour l’IA de défense (Amiad). En somme, anticiper l’architecture globale pour que cette dernière, une fois assemblée, ne soit pas déjà obsolète. »

SNA de la classe Suffren

Le futur porte-avions pourra également compter sur une nouvelle génération de sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) : la classe Suffren issue du programme Barracuda. Deux d’entre eux ont déjà été livrés. Le Tourville, 3e sous-marin de la série, termine en ce moment-même ses essais à la mer. Les trois autres SNA (De Grasse, Rubis et Casabianca) sont à différents stades de construction et leur livraison s’échelonnera jusqu’à l’horizon 2030. Comme leurs prédécesseurs de la classe Rubis, les nouveaux SNA sont équipés d’une propulsion nucléaire qui leur confère un rayon d’action et une discrétion remarquables. Ils sont aussi plus rapides, plus endurants et plus polyvalents. Sans oublier leurs capacités augmentées de mise en œuvre de forces spéciales ainsi que de frappe dans la profondeur, sur des objectifs terrestres situés à plusieurs centaines de kilomètres, à l’aide de missiles de croisière navals. « Plus globalement, le SNA peut aller en toute discrétion observer loin devant et rendre compte de ce qu’il a vu. Cette capacité à se projeter pendant longtemps offre un préavis précieux aux autres unités. D’autant plus avec les SNA de type Suffren, dont les capteurs sont plus performants », déclare le capitaine de frégate Antoine Richebé, ancien commandant intégré au sein du GAN.

Frégate de défense et d’intervention

Si la Marine nationale peut déjà s’appuyer sur un format de 8 frégates multimissions (FREMM), dont 2 à capacités de défense aérienne renforcées (FREMM-DA), mais aussi sur 2 frégates de défense aérienne (FDA), elle attend l’arrivée prochaine de sa toute première frégate de défense et d’intervention (FDI). Ce programme vise la construction de 5 FDI, dont 3 ont déjà été commandées. Objectif : remplacer les actuelles frégates du type La Fayette (FLF), mises en service entre 1996 et 2001. L’Amiral Ronarc’h, première de série, a d’ailleurs effectué sa première sortie à la mer début octobre, au large de Lorient (Morbihan).

Cette étape marque le début d’une campagne d’essais à la mer qui sera menée sous le pilotage de la DGA, en lien avec ses partenaires étatiques et industriels, jusqu’à la livraison du navire à la Marine en 2025. Les cinq FDI contribueront au renforcement de la flotte des frégates françaises de premier rang, à l’horizon 2032. « L’Amiral Ronarc’h est un vrai concentré de technologie. Elle possède les capacités d’un destroyer dans une ossature de frégate. De plus, c’est le premier bateau cybersécurisé par design ! », se félicite Yonec Fihey, directeur marketing bateaux de surface et systèmes chez Naval Group. Dernier point mais non le moindre, les FDI pourront embarquer simultanément un hélicoptère, un drone et recevoir un détachement de forces spéciales avec leurs deux embarcations commandos.

Bâtiment ravitailleur de force

Le GAN du futur est déjà en partie réalisé concernant sa partie ravitaillement. Le premier des quatre bâtiments ravitailleurs de forces (BRF) du programme « Flotte Logistique » (FlotLog), le Jacques Chevallier, a en effet été remis à la Marine nationale en juillet 2023. Deux autres BRF seront livrés d’ici 2030, conformément à la LPM. Le quatrième et dernier de la série est ainsi attendu d’ici 2035. Qu’apporteront-ils de nouveau ? Une plus grande capacité d’emport de fret et de carburant, mais également de meilleures capacités tactiques par rapport aux navires de la classe Durance. Pour rappel, ces bâtiments transportent également des munitions, des pièces de rechange et des vivres.

Construire la Marine de demain

À l’occasion du salon Euronaval, le ministère des Armées et des Anciens combattants vous propose une série d’articles pour découvrir le renouvellement des matériels de la Marine nationale pour qu’elle puisse faire face à la dégradation du contexte stratégique et au retour du combat en mer.

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