La première réunion du Conseil national de la Résistance, le 27 mai 1943 : un moment fondateur pour la résistance française

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 27 mai 2025

En cette Journée nationale de la Résistance, retour sur la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR), le 27 mai 1943, en plein Paris occupé. Thomas Fontaine, directeur du Musée de la Résistance nationale, retrace cet épisode crucial dans lequel Jean Moulin a joué un rôle prépondérant.

La table de l'appartement où s’est déroulée la 1re réunion du CNR, le 27 mai 1943, à Paris. © Photographie Famille Corbin, droits réservés

Pourquoi cette réunion est-elle organisée ?

Attendue par tous les acteurs de la Résistance, c'est une entrevue exceptionnelle et capitale. Jean Moulin, qui la préside, avait soumis ce projet au général de Gaulle un peu avant. Les objectifs sont multiples. Tout d’abord, la création du CNR permettrait d’unifier et de coordonner toutes les forces et les tendances politiques de la Résistance au sein d’un seul et même organisme. Mais le raisonnement est aussi géopolitique. Grâce à cette structure, le général de Gaulle souhaite effectuer une démonstration de force. En clair, envoyer un message précis aux Alliés et ainsi prouver qu’il est bien le véritable chef de la Résistance.

Comment ce rendez-vous est-il préparé ?

Au cœur de Paris sous l’Occupation, au milieu des troupes allemandes, la prise de risque est absolument hallucinante. Il faut réunir clandestinement dans une même pièce cinq représentants des mouvements de résistance de la zone Nord, trois de la zone Sud, six représentants des partis politiques résistants et deux des syndicats. Soit 17 personnes au total avec Jean Moulin. Aucune ne connaît le lieu de rendez-vous. Certaines arrivent par le métro, d’autres à pied. Daniel Cordier, Pierre Meunier et Robert Chambeiron, des adjoints de Jean Moulin, se chargent de les retrouver en différents points de la capitale puis de les amener au 48 rue du Four, dans un appartement du 6e arrondissement de Paris. Le trio surveille ensuite les alentours, prêt à donner l’alerte si besoin. Le logement appartient à René Corbin, un proche de Jean Moulin. Tout a été prévu. Pas de voisin adjacent susceptible d’écouter la conversation, tandis qu’une sous-pente offre une possibilité d’échappatoire. Malgré ces précautions minutieuses, Jean Moulin demande à plusieurs reprises aux participants de parler moins fort.

Existe-t-il des tensions politiques parmi les différentes factions ?

Jean Moulin prend contact avec tous les groupes susceptibles de rallier son projet. Ceux ayant collaboré avec le régime de Vichy ou ayant tardé à rejoindre le chef de la France libre ne sont pas conviés. C’est une évidence depuis plusieurs mois déjà : il existe des désaccords sur la stratégie à suivre pour arriver à la libération du territoire. Faut-il privilégier une action immédiate ? Doit-on attendre l'arrivée des Alliés ? Les avis divergent aussi sur la nouvelle République à mettre en place pour l’après-guerre. Rien d’étonnant. Je dirais même que c’est le jeu normal d’une institution démocratique. En revanche, il est vrai que pour obtenir l’accord des communistes sur la motion finale, Jean Moulin leur accorde une place un peu plus grande par rapport aux autres.

Sur quoi les discussions débouchent-elles ?

Le groupe entérine donc la création du Conseil national de la Résistance. Un consensus est également trouvé avec l’adoption d’une motion signée par tous les participants. Cette dernière conforte la prééminence du général de Gaulle comme chef de la Résistance en France. Les germes sont posés, à lui de mener les destinées du futur Gouvernement provisoire de la République française. C’est donc un vrai succès pour Jean Moulin, très satisfait des débats. Arrêté un mois plus tard par la Gestapo, il n’aura malheureusement pas l’opportunité de récolter les fruits de son travail.

Depuis la loi n° 2013-642 du 19 juillet 2013, le 27 mai a été institué comme Journée nationale de la Résistance. Cette date fait mémoire de la première réunion du Conseil national de la Résistance, tenue clandestinement à Paris le 27 mai 1943 avec le soutien de Jean Moulin. Elle incarne l’unité des forces résistantes face à l’occupant nazi et marque une étape décisive vers la Libération.

Une journée pour se souvenir, et transmettre les valeurs de courage, d’engagement et de liberté portées par la Résistance.


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