La préparation opérationnelle des militaires : un sport de haut niveau
Un bon militaire est un militaire en bonne condition physique. Pour atteindre cet objectif, différents stages sont organisés au sein de nombreux bataillons. Immersion au cœur d’une préparation opérationnelle particulière.
Cet article est tiré d’Esprit défense n°12.
Sur une pelouse synthétique du Centre national des sports de la défense (CNSD), le major Cyrille, chef de la cellule sports de combat, détaille l’exercice du jour : se défendre face à tout type d’attaque au couteau. Les stagiaires, 18 moniteurs dont une femme, s’apprêtent à suer ferme. « Il faut de la mobilité, de la dextérité ! » exhorte le major, également conseiller technique militaire de l’équipe de France de MMA1. « On évite d’être statique et d’exposer les organes sensibles ! » À ceux qui jouent l’agresseur au couteau : « Cherchez à dominer votre adversaire ! Le but, c’est de le neutraliser ! » À ceux qui se défendent, il réclame « de la lucidité : quand on est à 180 battements par minute, on n’écoute plus rien. C’est là qu’il faut conserver toutes ses facultés et ne jamais reculer ! »
Dans ce stage interarmes Itior2, tous viennent pour un recyclage, ici en sport de combat, effectué tous les cinq ans. À Fontainebleau, le CNSD forme ainsi plus de mille instructeurs chaque année, entre EMPS3, Tior4, Orfa5 et PPO6. Pour les armées, le sport sert à atteindre une condition optimale. Car un militaire en mauvaise condition physique n’est « pas opérationnel », rappelle le chef de bataillon Nicolas Ferré, directeur technique des sports militaires. « On ne cherche pas à former des Ferrari, mais des 4x4 polyvalents », indique le commandant Emmanuel. Il dirige le bataillon d’Antibes où l’on entraîne des moniteurs d’entraînement physique militaire et sportif pour les trois armées et la Gendarmerie nationale, autour des valeurs de résilience, de goût de l’effort, d’esprit d’équipe et de respect de l’entraîneur. « Nos jeunes soldats sont de moins en moins adaptés aux exigences sportives, constate-t-il, peut-être par manque de cours d’éducation physique et sportive à l’école. Cela peut se récupérer. »
Mais attention : dans les armées, on fait « de la préparation physique opérationnelle, pas du sport », insiste le commandant Erwan Lebrun. Quelle différence ? « Le sport est une activité physique codifiée », détaille le patron du bataillon de Joinville. « Il peut servir à évaluer les militaires, ou être utilisé pour apprendre la pédagogie. » Mais il reste un outil. L’objectif n’est pas la compétition, mais la capacité à « remplir la mission opérationnelle ».
Michel Henry
1 Mixed Martial Arts en anglais, anciennement appelé combat libre.
2 Instructeur des techniques d’interventions opérationnelles rapprochées.
3 Entraînement militaire physique et sportif.
4 Techniques d’interventions opérationnelles rapprochées.
5 Optimisation des ressources des forces armées.
6 Préparation physique opérationnelle.
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