Les quatre priorités de la RNS 2025 : défense, protection, dissuasion, stabilité
Rendue publique le 14 juillet dernier, l’actualisation de la Revue nationale stratégique (RNS 2025) dessine quatre grands axes pour la défense française. Le but : que la France soit, à l’horizon 2030, armée matériellement et moralement pour faire face à une potentielle guerre de haute intensité.
Après des mois de travaux et de réflexions, la Revue nationale stratégique 2025 (RNS 2025) a été publiée le lundi 14 juillet par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDN). Ce document doctrinal vise à proposer une feuille de route dans le domaine de la défense et de la diplomatie pour que la France soit à même de résister et, si besoin, de faire face à un conflit de haute intensité. En effet, depuis 2022, les stratégies d’attaques hybrides des compétiteurs de l’Hexagone, notamment la Russie, la Chine et l’Iran, visent à éroder la cohésion nationale et à affaiblir notre modèle de société.
Alors que la version précédente du texte avait été diffusée en 2022, au début de la guerre en Ukraine, cette actualisation prend particulièrement en compte ce contexte accru de conflictualité de la part de la Russie. « La menace russe est désormais sans équivalent pour nos intérêts et ceux de nos alliés et partenaires », peut-on lire dans le document. Dans cette nouvelle configuration géopolitique, la France a donc un rôle majeur à jouer.
Pour faire face à ces enjeux multiples et inédits, la RNS 2025 entend se concentrer sur quatre grandes priorités.
La protection et la défense du territoire hexagonal, ultramarin, de la population et des ressortissants français
Cette action repose notamment sur la dissuasion nucléaire, qui est la clé de voûte de la défense française. Pour rappel, la France est le seul pays de l’Union européenne à la détenir. L’arme nucléaire doit rester un instrument de dissuasion visant avant tout à empêcher la guerre. Même si la dissuasion française est caractérisée par son caractère indépendant, elle occupe une place spéciale au sein de l’OTAN puisqu’elle contribue à celle de toute l’Alliance, et revêt une dimension européenne. « Partout en Europe, la force de la France est attendue. Dans notre monde dangereux et incertain, il est un pilier de notre sécurité qui ne vacille pas : c'est notre dissuasion nucléaire, totalement et invariablement souveraine. Elle garantit notre liberté », a affirmé Emmanuel Macron dans son discours aux Armées le 13 juillet à l’hôtel de Brienne.
Par ailleurs, la France doit adapter sa posture de défense selon les menaces – qui tendent à devenir multi-milieux et multi-champs – en impliquant les forces de sécurité intérieures. La protection vise non seulement les personnes mais également les biens, les ressources et l’environnement. Le pays doit, enfin, assurer une sécurité économique, technologique, scientifique et industrielle renforcée, y compris à l’échelle européenne, par des outils financiers et des programmes communs simplifiés.
La défense de l’Europe
La France a la capacité à s’engager dans un conflit de haute intensité, multi-milieux et multi-champs. Elle peut assurer le rôle de nation-cadre au sein d’une coalition de l’Otan, de l’Union européenne, ou de circonstance, dans un scénario de guerre majeure. Elle contribue en particulier à la stabilité de son voisinage oriental et encourage le processus d’intégration européenne de l’Ukraine et des autres pays candidats, tout en développant un agenda ambitieux avec les pays de la rive sud de la Méditerranée. Par exemple, la Moldavie a déposé sa candidature d'adhésion à l'Union européenne le 3 mars 2022. Les négociations ont débuté en juin 2024. Le président de la République Emmanuel Macron a d’ailleurs assuré le pays du soutien de la France pour « accomplir son destin européen ».
Garantir sa sécurité, la défense de ses intérêts et celle de ses alliés extra-européens
La France doit puissamment œuvrer à la formation et au renouvellement de partenariats, dans une vaste zone allant du Golfe de Guinée à l’océan Indien, en passant par la Corne de l’Afrique. En 2019, Emmanuel Macron avait effectué une tournée en Afrique de l’Est, lors de laquelle il s’était rendu à Djibouti, en Éthiopie et au Kenya, pour défendre la place de la France dans cette région marquée par la concurrence des grandes puissances comme la Chine. Jamais un président français ne s’était rendu au Kenya depuis l’indépendance de ce pays en 1963 et la dernière visite présidentielle en Éthiopie avait été celle de Charles de Gaulle, en 1966.
Contribuer à la stabilité de la région Indopacifique
La France doit assurer une présence accrue dans les départements, régions et collectivités d’outre-mer et avec ses partenaires, par des opérations de projection depuis l’Hexagone. La région Indopacifique est devenue un des axes prioritaires de l’action internationale de la France. Sept des treize départements, régions et collectivités d’outre-mer français sont répartis entre l’océan Indien et le Pacifique Sud. Ils abritent 1,6 millions de ressortissants français. L’Indopacifique est aujourd’hui au cœur de la rivalité stratégique opposant la Chine et les États-Unis. Pour la France, qui souhaite promouvoir un ordre mondial multipolaire, asseoir une position stratégique dans cette zone est essentiel, afin de favoriser une stabilité dans la région. En déplacement en Indonésie en février 2025, le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait ainsi affirmé : « Notre diplomatie est celle du non-alignement, du refus des blocs. »
Alors que « nous vivons un moment de bascule », comme l’a dit le président de la République, ces quatre grands axes doivent permettre de s’adapter à « l'hybridité croissante des conflits » et à la « la permanence d'une menace russe aux frontières de l'Europe ».
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