[Vidéo] Direction l’espace pour le satellite CSO-3
Lancé dans le cadre du programme français MUSIS (Multinational Space-based Imaging System), afin de remplacer les satellites militaires d’observation Helios 2A et Helios 2B, le système CSO (composante spatiale optique) a été complété jeudi 6 mars, avec le lancement d’un troisième satellite, CSO-3, à bord de la fusée Ariane 6.
De la Guyane à l’espace. Le satellite militaire CSO-3 a fait l’objet d’une mise en orbite depuis Kourou, à bord d’une fusée Ariane 6, jeudi 6 mars, à 17h24. Le lancement de ces satellites d’observation militaire garantit à la France l’accès indépendant et souverain à l’imagerie optique. Outils indispensables de la politique de défense française, ils répondent à des besoins en matière de recueil de renseignement, d’appui aux opérations et de soutien à la géographie militaire.
MUSIS et CSO, les réussites françaises
Le lancement de satellites d’observation militaire CSO intervient dans le cadre du programme français MUSIS. À l’origine, une initiative européenne homonyme, née fin 2006, avait pour ambition de doter plusieurs pays européens d’un segment sol commun permettant un accès unifié aux différentes composantes spatiales nationales. Cette initiative n’a pu être menée à son terme.
La France a créé, en 2010, son propre programme également baptisé MUSIS, mené par la Direction générale de l’armement (DGA) en lien avec le Commandement de l’espace (CDE), qui représente les utilisateurs finaux du programme et définit leurs besoins en leur nom. Le but : garantir la continuité capacitaire à la fin de vie du système optique français Hélios II et assurer un accès commun et fédéré à une nouvelle génération de capacités spatiales.
L’observation depuis l’espace pour planifier et conduire des opérations sont les objectifs premiers du programme MUSIS. Celui-ci vise aussi à accroître les capacités de suivi de situation et de veille stratégique et à favoriser l’anticipation des crises. À l’heure de la résurgence des conflits, le renouvellement global des capacités opérationnelles des États (et notamment de la France) apparaît en effet essentiel. À travers la collecte d’images et de données, le programme MUSIS permettra de mieux cerner les tensions, d’évaluer leurs risques et d’apporter un renseignement de qualité, en appui aux opérations militaires.
Des États partenaires impliqués
Un accord de coopération a été signé avec l’Allemagne en juillet 2015. Il permet l’accès de cette dernière à la capacité CSO et un accès réciproque de la France à SARah*. De la même façon, un accord signé en 2015 avec la Suède lui confère un accès à CSO en échange de la mise à disposition de la station polaire de Kiruna. D’autres accords bilatéraux de coopération ont depuis été signés avec la Belgique (2017), l’Italie (2019), l’Espagne (2021), la Suisse (2023), la Pologne (2024) et la Grèce (2024).
Au départ, deux satellites CSO étaient prévus dans le programme MUSIS. En 2015, un troisième y a été inclus, à la suite d’un accord de coopération avec l’Allemagne. CSO-1 a été lancé le 19 décembre 2018 et CSO-2 le 29 décembre 2020. Le troisième lancé le 6 mars 2025, vient compléter le système. Grâce à des accords bilatéraux ou de coopération, les armées françaises ont un accès garanti à l’imagerie radar allemande des satellites SARah et au système radar italien COSMO Skymed Seconde Génération.
Missions : reconnaissance et identification
Placé à une orbite de 800 km comme CSO-1, CSO-3 sera utilisé pour des missions de reconnaissance, tandis que CSO-2, disposé à une orbite de 480 km, est chargé d’effectuer des missions d’identification. D’une durée de vie de 10 ans, les trois satellites ont été conçus par Airbus Defence and Space, en collaboration avec Thales Alenia Space qui a produit les instruments optiques. Malgré leur poids conséquent (3,5 tonnes chacun), leur architecture plateforme leur confère autonomie et agilité. Le système CSO offre de nombreux avantages pour les forces françaises. Les satellites assurent une prise d’images en très haute et extrême résolution. Ils permettent l’acquisition d’images monoscopiques (2D), stéréoscopiques (3D) et d’images de jour comme de nuit grâce à l’infrarouge. À pleine capacité, les satellite CSO peuvent, au total, prendre chacun des centaines d’images quotidiennement. Par ailleurs, ils sont dotés de moyens d’autodéfense, comme le chiffrement des télécommandes et des télémesures qui les protège contre la menace cyber.
La suite : le programme IRIS
La France ne s’arrête pas là. Le programme IRIS, qui doit succéder à MUSIS/CSO pour renouveler notre capacité d’observation spatiale militaire, a été lancé en juillet 2019. En mai 2023, l’Assemblée nationale a voté la Loi de programmation militaire 2024-2030, qui prévoit un lancement du premier satellite IRIS à l’horizon 2030. Tout comme Hélios et CSO en leur temps, le programme IRIS porte l’ambition de partager ses capacités d’imagerie avec nos partenaires européens. Mené là encore par la DGA, il constitue une nouvelle génération de satellites d’observation militaires qui œuvrera au renouvellement des capacités spatiales militaires françaises.
* SARah est un système de renseignement (imagerie radar) militaire spatial de l'armée allemande.
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