« Espace et défense : un effort à confirmer »
« Dans un contexte international compliqué, notre pays est bien placé pour prôner des postures de défense dans l’espace fondées sur la transparence et la responsabilité collective. Il lui reste à accélérer le rythme », explique Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, dans la tribune d’Esprit défense n°9.
Les dernières années l’ont amplement montré. Il n’est plus guère d’opérations militaires qui puissent se priver d’espace. La collecte des données, leur transmission ou leur dissémination au bon niveau, de façon fluide et efficace, font désormais partie intégrante de l’usage des satellites pour les armées. De Serval à Barkhane, l’utilité des capacités spatiales s’est imposée comme une évidence. Elles permettent les liaisons déportées sécurisées nécessaires à ce type d’opérations et répondent aux exigences de couverture. Elles situent implicitement le niveau d’ambition stratégique du pays qui les possède. Depuis plusieurs mois, la guerre en Ukraine confirme ce rôle déterminant, l’utilisation (agile) de l’espace étant souvent citée comme un moyen pour résister à l’invasion russe.
Cette dépendance accrue change cependant la donne. L’efficacité des satellites dans les conflits modernes désigne désormais ces matériels comme cibles. Depuis le test antisatellite réalisé par la Chine en 2007*, d’autres pays ont suivi comme l’Inde ou la Russie. Les messages sont clairs et créent une forme d’incertitude. Ce n’est pas une bonne nouvelle alors que les systèmes spatiaux deviennent de plus en plus cruciaux pour la défense. Cette prise de conscience a conduit à la publication en 2019 d’une Stratégie spatiale de défense par le ministère des Armées et à la création la même année d’un commandement dédié à ce nouveau milieu, le Commandement de l’espace. Sa montée en puissance est programmée sur les prochaines années et elle permettra d’envisager la conduite d’opérations dans l’espace si nécessaire.
La Stratégie spatiale de défense de 2019 a ainsi pris acte de cette tension spatiale accrue que l’on peut regretter, mais qui est une réalité. La France a innové et balisé les termes d’un débat qui doit aussi porter sur la nécessité d’usages responsables de l’espace. Dans un contexte international compliqué, notre pays est bien placé pour prôner des postures de défense dans l’espace fondées sur la transparence et la responsabilité collective. Il lui reste à accélérer le rythme. La France doit aussi penser résistance et résilience. Les satellites se multiplient, l’offre se diversifie et il faut imaginer les usages de ces futurs moyens, militaires ou non, pour la défense. Notre pays possède les atouts et les compétences pour le faire. Mais les choses s’accélèrent. Là encore, tout est question de tempo.
Par Xavier Pasco.
*Le 11 janvier 2007, la Chine a procédé au tir expérimental d’un missile balistique contre l’un de ses vieux satellites.
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