Espace : se défendre dans la troisième dimension
Dans un contexte géopolitique instable, l’armée de l’Air et de l’Espace intensifie ses actions pour protéger la population face à des menaces diverses (drones, cyberattaques, détournement d’avions). L’espace, en particulier, constitue un champ de conflictualité à part entière où les efforts doivent être concentrés.
Réagir face à des actes hostiles dans l’espace est un défi devenu une réalité, notamment depuis la tentative d’espionnage du satellite russe Louch-Olymp en 2017. Lancé trois ans plus tôt, ce dernier a dérivé pour se poster à proximité d’un satellite militaire franco-italien, et ce, pendant trois mois. La ministre des Armées de l’époque, Florence Parly, avait déclaré alors : « Tenter d’écouter ses voisins, ce n’est pas seulement inamical. C’est un acte d’espionnage. » Cette déclaration donnera naissance à la stratégie de défense spatiale en 2019, et au Commandement de l’espace (CDE) au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace. Cinq ans plus tard, « les menaces se sont accentuées : brouillage de satellites de communication, actions cyber, développement de systèmes antisatellites », indique le général de division aérienne Philippe Adam, commandant de l’espace.
Face aux nouvelles menaces, le CDE continue de monter en puissance. Une étape importante sera franchie en 2025 avec l’inauguration de son nouveau siège à Toulouse. L’édifice devrait accueillir environ 500 personnes d’ici à 2030, soit une augmentation des effectifs de 40 % par rapport à 2019. Surtout, il se trouvera à proximité du CNES et du Centre d’excellence spatial de l’Otan, générant ainsi des synergies bénéfiques à tout l’écosystème. Incarnation de la recréation de la base aérienne 101, ce site deviendra l’organe central de l’outil de combat spatial dont se dote la France.
À court terme, le CDE se verra muni d’une véritable capacité de défense active dans l’espace. Elle prendra forme avec la mise en orbite géostationnaire du démonstrateur Yoda1. Sa mission première : explorer les méthodes de protection de nos satellites militaires depuis l’espace. « C’est un programme expérimental qui sera suivi par le système Egide2, sa version opérationnelle », indique le commandant de l’espace. À noter également, l’annonce, en septembre 2024, du nouveau démonstrateur d’action dans l’espace en orbite basse. Son nom : Toutatis3. Plus globalement, ces premiers satellites patrouilleurs-guetteurs visent à doter la France d’une capacité d’action dans l’espace. À la clé, la possibilité de surveiller l’espace depuis l’espace, pour détecter un acte suspect ou une agression et s’interposer si besoin. Le découragement sera au cœur du futur dispositif, qui s’articulera en étroite coordination avec nos partenaires, comme l’atteste, entre autres, le ralliement de la France à l’opération américaine Olympic Defender4 en 2024.
Les armées comptent aussi sur Ariane 6, le nouveau lanceur de l’Agence spatiale européenne5, pour retrouver une liberté d’accès souveraine à l’espace. Le troisième et dernier satellite du programme CSO6 a ainsi été mis en orbite lors d’un récent lancement. Il peut fournir notamment des capacités d’observation significativement accrues. Pour rappel, ces cinq dernières années ont vu le renouvellement de nos trois grandes classes de satellites militaires, à savoir Ceres, Syracuse et CSO.
1 Yeux en orbite pour un démonstrateur agile.
2 Engin géodérivant d’intervention et de découragement.
3 Test en orbite d’utilisation des techniques d’action contre les tentatives d’ingérence spatiale.
4 Opération militaire permanente lancée par les États-Unis en 2013 pour renforcer la coopération opérationnelle dans le domaine spatial.
5 Agence spatiale intergouvernementale, créée en 1975 et comprenant à présent 22 États membres.
6 Composante spatiale optique.
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