Série d’été - Dieppe : histoire d’un raid (1/3)

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 04 août 2022

Le 19 août 1942 au petit matin, les Alliés débarquent sur le port de Dieppe, en Normandie, alors occupé par les Allemands. L’opération baptisée « Jubilee » est un échec total. Le raid de Dieppe vire au massacre. Jean-Charles Foucrier, docteur en Histoire, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, et le lieutenant Renaudière, chargé d’études, travaillent au Service historique de la défense. Ils reviennent, dans cet épisode, sur les objectifs du raid de Dieppe.

Le Raid de Dieppe - Episode1 © Ministère des Armées

Au début de l’année 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale (1939-1945), la situation est difficile pour les Alliés. L’ennemi – les puissances dites « de l’Axe » (ensemble constitué par l’Allemagne, l’Italie et le Japon) – est victorieux sur tous les fronts. « Les Alliés subissent une succession de revers, comme en février 1942 lors de la bataille de Singapour ou en juin 1942 avec la chute de Tobrouk en Afrique. Par ailleurs, Staline, depuis l’invasion de l’URSS en juin 1941, leur réclame d’ouvrir un nouveau front à l’ouest pour soulager l’armée soviétique, en difficulté face aux troupes de Hitler. Tous ces paramètres additionnés la volonté de répondre à l’appel de Moscou, à celui des Américains qui veulent tenter quelque chose en Europe et la nécessité de remonter le moral des troupes poussent les Alliés à envisager une attaque de grande envergure sur les côtes françaises », décrit Jean-Charles Foucrier, docteur en Histoire, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale au Service historique de la défense.

« L’intérêt de Dieppe, c’est aussi de pouvoir détruire des infrastructures précieuses pour les Allemands comme un aérodrome, une station radar... »

Lieutenant Renaudière

  • Chargé d’études au Service historique de la défense

Après réflexion, leur choix se porte sur Dieppe (Seine-Maritime), en Normandie. « Les ports sont une cible de choix depuis 1940. Il y a aussi dans les mémoires le succès récent de la reprise du port de Saint-Nazaire (opération Chariot, le 28 mars 1941, ndlr), indique le lieutenant Renaudière, doctorant en Histoire moderne et contemporaine, chargé d’études au Service historique de la défense. De plus, la ville est très proche des côtes anglaises, une centaine de kilomètres seulement la sépare de Newhaven. Elle se trouve donc sous le parapluie de la Royal Air Force, la force aérienne britannique, ce qui rend possible une couverture continue du ciel. Enfin, l’intérêt de Dieppe, c’est aussi de pouvoir détruire des infrastructures précieuses pour les Allemands comme un aérodrome, une station radar... »

Les côtes de Dieppe, 1942 © ECPAD

De l’opération Rutter à Jubilee

Le plan est établi, sous le nom de code Rutter. L’attaque est prévue début juillet, mais elle est repoussée du fait de conditions climatiques défavorables, puis finalement annulée. « Lorsque les troupes alliées quittent l’île de Wight pour lancer le raid, elles sont surprises par des avions allemands qui les bombardent. La sécurité de l’opération étant compromise, celle-ci est replanifiée », explique le lieutenant Renaudière. Le plan est repris plus tard sous le nom d’opération Jubilee. Il prévoit un assaut central sur le port de Dieppe et l’action de deux commandos britanniques contre les batteries allemandes de Berneval et de Varengeville, situées de part et d’autre. Mais là encore, rien (ou presque) ne se passe comme prévu…

Découvrez la suite dans l'épisode 2 : « 19 août 1942 : l'échec du raid de Dieppe ».

Pour en savoir plus

Série d'été : le raid de Dieppe

19 août 1942. 6 000 soldats alliés débarquent en Normandie, à Dieppe, alors occupée par les Allemands. Cette attaque d’envergure, de son nom de code « opération Jubilee », est un désastre. L’un des épisodes les plus tragiques de la Seconde Guerre mondiale, pourtant encore largement méconnu...

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