Série d’été – 19 août 1942 : l’échec du raid de Dieppe (2/3)

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 11 août 2022

19 août 1942 : le raid de Dieppe se solde par de lourdes pertes humaines. Les forces canadiennes en sortent particulièrement meurtries. L’opération baptisée Jubilee est un échec total. Jean-Charles Foucrier, docteur en Histoire, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, et le lieutenant Renaudière, chargé d’études, travaillent au Service historique de la défense. Ils reviennent, dans cet épisode, sur l’échec de cette opération.

Le raid de Dieppe, épisode 2 © Ministère des armées

Le 19 août 1942, les Alliés lancent l’opération Jubilee. Prévue comme un raid, une attaque éclair, elle ne doit pas durer plus d’une dizaine d’heures. D’importants moyens sont déployés : 6 000 hommes au total, dont près de 5 000 Canadiens, et un peu plus de 1 000 commandos britanniques, renforcés de 50 rangers américains et de 15 Français du commando Kieffer. Les troupes sont transportées et soutenues par près de 250 navires et engins de débarquement. Elles sont appuyées depuis le ciel par près de 1 000 aéronefs. Des matériels essentiellement britanniques et canadiens, auxquels s’ajoutent quelques éléments américains, des Forces françaises libres et même un destroyer polonais. « À titre de comparaison, le raid contre les îles Lofoten en Norvège (opération Claymore, le 4 mars 1941, ndlr) mobilise 500 commandos pour sept navires… », remarque le lieutenant Renaudière, doctorant en Histoire moderne et contemporaine, chargé d’études au Service historique de la défense. En face, les effectifs allemands sont estimés à près de 2 000 hommes.

Char Churchill du 14th Canadian Army Tank Regiment détruit sur la plage de Dieppe © ECPAD / Ministère des Armées

Le déroulé

Le 19 août 1942 donc, vers 3 h 00 du matin, l’opération Jubilee démarre. Rapidement, les troupes jouent de malchance. « La partie gauche de la flotte, qui ouvre la voie au commando n° 3 chargé de détruire la batterie de Berneval, tombe nez à nez avec un convoi allemand. Le feu est engagé avant même que la force ait pu débarquer, raconte le lieutenant Aurélien. Sur les deux commandos engagés, seul le n° 4, qui cible la batterie de Varengeville, réussit sa mission. C’est la seule victoire de l’opération Jubilee. En effet, l’assaut principal conduit par la 2e division d’infanterie canadienne sur le port et les plages de Dieppe est aussi un échec. Les soldats ne franchiront pas le deuxième réseau de barbelés et resteront piégés sur les plages, sous un feu de plus en plus nourri... » Les blindés qui débarquent à partir de 5 h 00 ne leur seront d’aucune aide. « À Dieppe, ce sont des plages de galets : les chars se meuvent difficilement et sont vite pris sous le feu ennemi. La situation devient intenable. Le raid est un désastre complet », conclut-il. Vers 9 h 30, l’ordre est donné d’évacuer.

Commandos canadiens capturés après le raid sur Dieppe © ECPAD / Ministère des Armées

De lourdes pertes

Les pertes sont lourdes pour les Alliés : 1 200 morts ou disparus (dont 900 Canadiens), 2 000 prisonniers et 1 500 blessés. Le Royal Regiment of Canada, qui a débarqué sur la plage de Puys, a perdu 95 % de ses effectifs en moins de deux heures. Plus de 30 navires et 100 avions sont perdus. Du côté des Allemands, le bilan est moindre et, surtout, ce succès galvanise. « À tel point que Hitler, très satisfait, se montre magnanime – fait rarissime – et libère les prisonniers français, souligne Jean-Charles Foucrier, docteur en Histoire, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale au Service historique de la défense. Surtout, les Allemands vont croire à leur propre mythe du “mur de l’Atlantique”, donc à leur capacité à repousser toute invasion, ce qui crée un excès de confiance, qui pourra leur porter préjudice deux ans plus tard, le 6 juin 1944. »

Mais au-delà du revers militaire, des leçons sont tirées de Dieppe, leçons qui serviront de canevas aux opérations futures, estime Jean-Charles Foucrier : « Il y a un tas d’imperfections dans cette opération, ce qui en fait une espèce de “laboratoire d’expérience”. C’est la découverte, les Alliés apprennent beaucoup – de manière douloureuse, mais ils apprennent... »

Découvrez la suite dans l'épisode 3 : « Raid de Dieppe : les leçons d’un échec ».

Série d'été : le raid de Dieppe

19 août 1942. 6 000 soldats alliés débarquent en Normandie, à Dieppe, alors occupée par les Allemands. Cette attaque d’envergure, de son nom de code « opération Jubilee », est un désastre. L’un des épisodes les plus tragiques de la Seconde Guerre mondiale, pourtant encore largement méconnu...

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