[SPDMM 2023] HADR « Tonga assist » : « Embarquer un maximum de fret et le décharger au plus vite »

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 01 décembre 2023

Du 4 au 6 décembre, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, accueille la réunion des ministres de la Défense du Pacifique Sud (SPDMM*) à Nouméa. La France, en tant que nation de l’Indopacifique, participe à la sécurité de ces territoires, notamment en cas de catastrophe naturelle. En 2022, le capitaine de corvette Romain a ainsi dirigé une mission d’aide humanitaire et de secours aux îles Tonga après une éruption volcanique. Entretien.

L’équipage de La Glorieuse a acheminé du fret aux îles Tonga touchées par une éruption volcanique. © Alain Nota / Marine nationale

Grâce à leur force de projection rapide, les Forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC) et les Forces armées de Polynésie française (FAPF) permettent à la France d’assurer la sécurité de ses territoires dans ces zones. Une protection étendue à nos partenaires, notamment lors de catastrophes naturelles. En raison du réchauffement climatique, ces dernières sont de plus en plus fréquentes en Indopacifique.

Dans ce cadre, le capitaine de corvette Romain, alors commandant du patrouilleur de la Marine nationale, La Glorieuse, a dirigé l’HADR « Tonga assist » (Humanitarian Assistance and Disaster Relief). Du 24 janvier au 1er février 2022, les forces armées françaises du Pacifique ont ainsi réalisé plusieurs missions d’aide humanitaire et de secours aux îles Tonga, touchées par une éruption volcanique.

Comment avez-vous été déclenchés ?

Pour l’anecdote, tout l’équipage était en permission. L’état-major des forces armées de la Nouvelle-Calédonie m’a contacté. Il souhaitait utiliser notre patrouilleur La Glorieuse, le seul bâtiment disponible sur la zone à ce moment-là. Or, ce n’est pas du tout notre cœur de métier. Ce qui est remarquable avec les trente marins de l'équipage, c'est qu'ils disposent de capacités d'innovation. Ils ont transformé un patrouilleur en un bâtiment de soutien et d'assistance logistique. Ils ont fait preuve d'ingéniosité, de résilience et de rapidité. Notre mission était de porter assistance aux îles Tonga en acheminant du fret humanitaire rapidement. Nous en avons embarqué 26 m3 le lundi 24 janvier 2022, pour une arrivée sur place le jeudi matin.

« Nous ne devions pas rajouter une catastrophe épidémiologique à une catastrophe naturelle. Il fallait trouver un protocole sanitaire afin de décharger le fret sans rentrer en contact avec la population. »

Capitaine de corvette Romain

  • Commandant de La Glorieuse lors de la mission d’aide humanitaire et de secours.
  • Iles Tonga

Comment était la situation à votre arrivée ?

Difficile pour trois raisons. La première : la menace Covid circulait à Nouméa et nous devions intervenir dans un pays exempté de cette maladie. Nous ne devions pas rajouter une catastrophe épidémiologique à une catastrophe naturelle. Il fallait trouver un protocole sanitaire afin de décharger le fret sans rentrer en contact avec la population. Sur notre patrouilleur, nous n’avions ni médecin, ni laboratoire. La deuxième difficulté : le nombre important d’acteurs internationaux sur place, soit environ neuf nations. Il y avait un afflux massif de fret humanitaire.

La dernière reposait sur la faible autonomie de notre bâtiment. Un patrouilleur a pour mission de patrouiller. Son rôle est d’aller vite, mais jamais longtemps. En général, notre autonomie ne dépasse pas les sept jours. Or, cette mission en nécessitait 14, sans ravitaillement. Il fallait tenir le plus longtemps possible car nous ne savions pas quand nous pourrions décharger le fret. Il était essentiel d’économiser le carburant. Lorsque la situation était propice, nous nous sommes mis à l’abri en immobilisant le bâtiment grâce à une ancre, dans la baie de Nuku-Alofa, le port d'accueil.

Quel était votre rôle sur place ?

Tout d’abord, je devais rentrer en contact avec les autorités tongiennes, directement ou par l’intermédiaire des partenaires régionaux. La situation d’urgence et la nécessité de s’entendre ont rendu indispensables de nombreux échanges avec les forces australiennes et néo-zélandaises. J’étais les yeux et les oreilles de l'état-major des FANC. L’objectif était de se coordonner avec les autres nations pour décharger chacun son fret.

Concernant mon équipage, mon rôle était de conserver sa motivation. Un seul quai était mobilisé pour le déchargement de toutes les nations. Nous y allions au compte-gouttes. Pour décharger La Glorieuse, il fallait compter une demi-journée, tandis qu’un pétrolier nécessitait deux jours. Nous devions donc nous insérer dans ce plan d’occupation du quai afin d’obtenir un créneau, en plus de valider le protocole sanitaire Pour l’équipage, la mission était donc plus complexe que prévue. L’un des enjeux était de maintenir l’élan de l’appareillage dans des conditions très opérationnelles. La certitude de contribuer à tenir la place de la France dans la région auprès de nos partenaires océaniens nous a grandement aidés.

Le SPDMM organisé à Nouméa

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, accueillera ses homologues lors du 10e sommet des ministres de la Défense du Pacifique Sud (SPDMM, pour South Pacific Defence Ministers’ Meeting), du 4 au 7 décembre, à Nouméa. Le SPDMM réunit sept membres (Australie, Chili, Fidji, France, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle Guinée, Tonga) et trois États observateurs (États-Unis, Japon et Royaume-Unis). Sa vocation : développer une approche multilatérale des enjeux de sécurité régionaux.

[SPDMM 2023] Réunion des ministres de la Défense du Pacifique Sud

Pays représentés, enjeux sécuritaires et forces en présence : découvrez notre dossier de l’édition 2023 marquant les 10 ans de ce sommet.

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