L’animation de clôture du 14 juillet 2023 a été marquée par un hommage aux résistants et combattants de la Seconde Guerre mondiale. Le 80^e anniversaire de la médaille de la Résistance, ainsi que les 80 ans de la disparition de Jean Moulin, de la création du Conseil national de la Résistance et du Chant des partisans ont été mis à l’honneur.

A cette occasion, la commissaire des armées Alix Menuet, lauréate du prix Clemenceau 2022, prix de l’éloquence du ministère des Armées, a lu une lettre de Jean Moulin écrite à sa mère et sa sœur le 15 juin 1940 durant la Bataille de France. Dans cette « lettre testament », celui qui est alors préfet d’Eure-et-Loir et affecté à Chartres écrit : « Je ne savais pas que c’était si simple de faire son devoir quand on est en danger. » Des mots qui témoignent de l’état d’esprit du futur fondateur du Conseil national de la Résistance, qui s’attend alors à être fait prisonnier d’un instant à l’autre.

Car contrairement à nombre de ses homologues dans d’autres départements, Jean Moulin est demeuré à son poste malgré l’inexorable l’avancée des troupes allemandes et l’afflux massif de réfugiés. Deux jours après cette lettre, le 17 juin 1940, il préférera se trancher la gorge plutôt que de céder aux exigences de l’ennemi. Il sera alors sauvé in extremis.

 

La lettre en intégralité :

« Chartres, 15 juin 1940

Bien chère Maman,

Bien chère Laure,

Je vous ai peu donné de mes nouvelles ces derniers jours, La faute en est aux événements tragiques que j'ai vécus. J'ai vu bien des misères humaines. Mon réconfort a été de voir bien des dévouements obscurs, des dévouements que tout le monde ignorera toujours, hormis quelques spectateurs.

Mon pauvre département est mutilé et saignant de toutes parts. Rien n'a épargné la population civile.

Quand vous recevrez cette lettre, j'aurai sans doute rempli mon dernier devoir. Sur ordre du gouvernement, j'aurai reçu les Allemands au chef-lieu de mon département et je serai prisonnier.

Je suis sûr que notre victoire prochaine - grâce à un sursaut d'indignation du monde et à l'héroïsme de nos soldats […] - viendra me délivrer.

Je ne savais pas que c'était si simple de faire son devoir quand on est en danger.

Si, par hasard, je ne revenais pas de cette aventure, je voudrais que vous réalisiez un souhait que je formule de tout mon cœur. Je voudrais que Laure adoptât un jeune orphelin parmi les réfugiés français. Ce serait pour moi un prolongement.

Je sais que vous le ferez.

Je suis en parfaite santé, malgré les fatigues des derniers jours.

Je pense à vous de tout mon cœur.

Jean ».