Le Cnes, un pilier de la stratégie spatiale militaire
Depuis sa création, le Centre national des études spatiales (Cnes) participe à la réalisation des programmes d’armement et des opérations de défense dans l’espace. Présentation de son expertise avec le général Philippe Steininger, conseiller militaire de son président, pour le magazine Esprit défense n° 9.
À quand la collaboration entre le Cnes et les armées remonte-t-elle ?
Général Philippe Steininger : Le général de Gaulle crée le Cnes en 1961. Il le charge alors de conduire le programme spatial national. Un quart de siècle plus tard, lorsqu’il est question de réaliser un premier satellite militaire, les autorités politiques décident de s’appuyer sur le Cnes pour éviter de dupliquer des compétences et des moyens existants. Aujourd’hui encore, le Cnes met ses infrastructures au service de la défense. Un exemple : tous les satellites militaires sont lancés du Centre spatial guyanais, à Kourou, l’un des sites du Cnes.
Comment le Cnes participe-t-il à l’élaboration des programmes d’armement spatiaux ?
Le Cnes prépare les futures capacités spatiales militaires, en lien avec la Direction générale de l’armement. À cette fin, il conduit des travaux de recherche et développement sur des technologies présentant un intérêt pour la défense et il valide certaines d’entre elles au travers de démonstrateurs. Il est aussi impliqué dans la conduite des grands programmes spatiaux militaires où il intervient de différentes manières, de l’apport ponctuel d’expertise à la délégation de maîtrise d’ouvrage.
Le Cnes est-il impliqué dans les opérations spatiales proprement dites ?
Oui. Tous les satellites militaires en orbite basse sont contrôlés, en lien étroit avec le Commandement de l’espace (CDE), par nos équipes. Celles-ci téléchargent les plans de mission, maintiennent les satellites à poste, réalisent le cas échéant des manœuvres anticollisions et corrigent les dérives des capteurs. Comme les armées ont désormais pour mission de défendre les intérêts de la France dans l’espace, y compris de manière active, le Cnes apporte tout son soutien à leur prise de compétence opérationnelle. Il forme ainsi des opérateurs du CDE, qui sont désormais intégrés à nos équipes. Et dès 2025, le CDE disposera sur le site du Cnes, à Toulouse, de son propre centre d’opérations spatiales. Les missions opérationnelles de routine qu’effectue le Cnes basculeront alors vers les armées.
Recueilli par Laura Garrigou.
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