[6 juin 1944] Commémorations du Jour-J : « Nous regardons notre passé avec un peu plus d’acuité »

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 06 juin 2023

Le 6 juin 1944, les Alliés débarquaient en Normandie. Les témoignages des acteurs de l’époque se font de plus en plus rares. Pourtant, le circuit mémoriel autour du D-Day ne s’est jamais aussi bien porté. Jean Quétier, président du Comité du Débarquement, en explique les raisons.

Cérémonie du 78e anniversaire du Débarquement en Normandie à Sainte-Mère-Église, le 6 juin 2022. © ©Laurent Lecanu/Marine Nationale/Défense

79 ans après le débarquement allié en Normandie, le circuit mémoriel autour de l‘événement remporte toujours un franc succès, même auprès des plus jeunes. Comment l’expliquer ?

Effectivement, le succès se confirme d’années en années. Je me souviens du 50e anniversaire à Sainte-Mère-Église en 1994. Nous étions 50 000 personnes. A l’époque, tout le monde pensait qu’il n’y aurait plus jamais autant de monde. Pourtant, 60 000 visiteurs se sont rendus aux commémorations du 60e anniversaire en 2004… Et 100 000 aux 70 ans en 2014 !  Je pense que cela tient à plusieurs facteurs. A commencer par le travail de mémoire effectué par les associations, mais aussi à la pédagogie des différents musées. Plus globalement, il est peut-être plus facile en France de parler de la Seconde Guerre mondiale que de la guerre d’Indochine ou d’Algérie. Il a fallu se battre pour éliminer le nazisme et libérer les camps de concentration. Le côté « humain » du conflit est donc évident. Je pense que cela pèse dans la balance. Aujourd’hui, le retour de la guerre en Europe provoque de l’inquiétude. L’une des conséquences est que nous regardons notre passé avec un peu plus d’acuité.

 

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Sainte-Mère-Eglise, justement, continue de recevoir énormément de visiteurs. Pourquoi cette notoriété ?

Je suis bien placé pour le savoir puisque j’en ai été le maire. Le débarquement maritime est connu de tous. Mais à Sainte-Mère-Eglise, c'est la liberté venue du ciel. Si le village est dorénavant célèbre pour son parachutiste coincé sur le toit de l’église, c’est tout d’abord la tombe du général américain Théodore Roosevelt Jr, alors dans un cimetière provisoire, qui a rendu la commune célèbre. Décédé en juillet 1944, ce dernier n’est autre que le fils de l’ancien président Theodore Roosevelt. Lorsque des journalistes américains du magazine Life se rendent sur place, quelques jours plus tard, ils prennent en photo la femme du maire en train de fleurir la fameuse tombe. Publié en Une, le cliché ancre Sainte-Mère-Eglise dans l’imaginaire américain. Vient ensuite le film Le Jour le plus long, en 1962 qui rappelle que la ville fut aussi l’une des premières à être libérées. Dès 4 h 30 du matin, ce 6 juin 1944, le drapeau américain flotte sur la mairie. Le débarquement sur les plages n’a alors pas commencé. 

Nous commémorons cette année le 79e anniversaire du Débarquement. Une répétition avant les 80 ans ?

Chaque année est importante, pas seulement les décennies. En 2022, les Canadiens étaient à l’honneur dans le secteur de Juno Beach. Ce sont les Anglais en 2023, d’où le choix d’une cérémonie près de Gold Beach, au Mémorial britannique de Ver-sur-Mer. De manière générale, je recommande toujours de visiter les cimetières, petits ou grands, connus ou moins connus, à l’image de la Nécropole nationale polonaise d’Urville - Langannerie. Tous ces lieux illustrent le caractère international du conflit.

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