Euronaval 2024 : les programmes majeurs qui vont façonner la force d’action navale de demain

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 07 novembre 2024

En coordination avec la Direction générale de l’armement, la modernisation de la Marine nationale s’accélère sous les lois de programmation militaire 2019-2025 et 2024-2030. Cette transformation historique, qui se produit tous les 30 à 40 ans, réinvente la flotte pour répondre aux défis futurs. Retour sur les programmes majeurs de la force d’action navale, une des quatre forces de la Marine nationale.

Photo bâtiment de surface © Ministère des Armées et des Anciens combattants

Créée en 1992 à la suite de la fusion des escadres de l’Atlantique et de la Méditerranée, la Force d’action navale (FAN) regroupe l’essentiel des bâtiments de surface de la Marine nationale, soit près de 100 unités. Elle remplit six fonctions stratégiques des forces armées françaises : la dissuasion, l’intervention, la protection, la prévention, la connaissance, l’anticipation et enfin l’influence. La FAN va connaître des programmes majeurs, au même titre que la force océanique stratégique et l’aéronautique navale.

Porte-avions

  • Porte-avions : mis en service en 2001 et basé à Toulon, le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle sera de nouveau modernisé lors de son troisième et dernier arrêt technique majeur entre 2027 et 2028 avant l’arrivée du porte-avions nouvelle génération (PA-NG) en 2038. Celui-ci, d’une taille de 310 mètres et d’un poids de 80 000 tonnes, se distinguera comme seul porte-avions à propulsion nucléaire de type CATOBAR. À partir de 2038, il accueillera l’avion de 5e génération Next Génération Fighter (NGF) du programme Système de combat aérien du futur (SCAF) et des premiers drones de combat Unmaned Air Combat Vehicle (UCAV) entrant ainsi dans l’ère du combat aérien connecté.  

Forces amphibies

  • Porte-hélicoptères amphibies (PHA) : au nombre de trois, les PHA assurent des missions autour d’opérations de projection de force, de gestion de crise, de transport ou encore d’évacuation sanitaire et de soutien médical. La batellerie de ces bâtiments est en cours de modernisation pour rallonger leur durée de vie opérationnelle et leur performance.
  • Engins de débarquement amphibie standards (EDA-S) : le programme EDA-S permet de remplacer les vieux chalands de transport de matériel (CTM) qui doivent être désarmés entre 2024 et 2026. La livraison des 14 EDA-S a commencé en 2022, avec un dernier engin dont la livraison est prévue 2026.

Les frégates de premier rang

  • Frégates de défense aérienne (FDA) : construites dans le cadre du programme franco-italien Horizon, les deux frégates vont faire l’objet d’une importante modernisation entre 2029 et 2030. Cela permettra notamment d’adapter les bâtiments contre les menaces liées au développement des missiles hypersoniques et balistiques Les FDA pourront alors mettre en œuvre des missiles Aster Block 1 NET et intègreront un nouveau système de combat, le SETIS 3.0
  • Frégates de défense et d’intervention (FDI) : programme lancé afin de développer une nouvelle génération de bâtiments de combat entièrement numériques, cinq FDI doivent être livrées à la Marine nationale afin de posséder une flotte de 15 frégates de premier rang à horizon 2032. L’intégration à bord des FDI d’innovations technologiques tels qu’un nouveau radar numérique, un système adapté à la lutte contre la menace asymétrique, une installation de tir de nouvelle génération, ou encore une conception pensée dès le début pour lutter contre la menace cyber.
  • Frégates de type Lafayette (FLF) : la Marine nationale dispose de cinq frégates de ce type qui ont bénéficié en 2022 d’un important programme de modernisation, tant au niveau de la structure que du système d’armement et des moyens électroniques pour allonger leur durée de vie opérationnelle.
  • Frégates multi-missions (FREMM + FREMM DA) : huit frégates multi-missions dont deux avec des capacités de défense aérienne renforcée (FREMM DA) sont déployées et constituent un véritable bond technologique. Conçues pour des combats de haute intensité, ces frégates peuvent faire face à tout type de menace, qu’elles soient sous-marines, aérienne ou de surface. La survivabilité des bâtiments, dotés de puissants moyens de guerre électronique ont permis des progrès spectaculaires dans le domaine de la lutte anti-sous-marine. Cela résulte de leur discrétion acoustique, mais aussi des sonars dernier cri dont sont dotées les FREMM. Afin d’accroître le nombre de jours qu’elles effectuent chaque année à la mer, quatre de ces frégates sont désormais armées par deux équipages, qui se relaient à bord tous les quatre mois.

Bâtiments de second rang

  • Corvettes hauturières (CH) : six CH vont être déployées à partir de 2030. Ces bâtiments d’environ 110 mètres et 3 300 tonnes seront taillés pour les navigations hauturières. Ils bénéficieront d’une grande autonomie, d’importants moyens de surveillance et d’espaces modulaires pour disposer d’une grande polyvalence. Ces CH seront développés dans le cadre du programme européen Multi Mission Patrol Corvette (MMCM) qui associe notamment la France, l’Italie et l’Espagne. Des évolutions technologiques innovantes seront intégrées aux CH comme la gestion de l’énergie, réduisant leur empreinte environnementale ou encore le déploiement de drones.
  • Patrouilleurs de haute mer (PHM) : les PHM, au nombre de six, ont été équipés en 2022/2023 de drones pour accroître leurs capacités de surveillance.  Les PHM seront alors remplacés dans le cadre du programme des nouveaux patrouilleurs hauturiers (PH).
  • Patrouilleurs hauturiers (PH) : dix nouveaux patrouilleurs hauturiers de 92 mètres pour 2 400 tonnes seront livrés entre 2027 et 2034. Plateformes très polyvalentes, ces patrouilleurs hauturiers seront plus volumineux que leurs ainés et offriront une meilleure autonomie. Leur mission de surveillance et protection des approches maritimes françaises restera la même, qu’il s’agisse d’opérations liée aux activités militaires, comme la lutte anti-sous-marine, ou à l’action de l’Etat en mer.
  • Patrouilleurs d’Outre-mer (POM) : ce programme, notifié en 2019 dans le but d’achever le renouvellement des patrouilleurs basés en outre-mer, prévoit la livraison de six POM entre 2023 et 2025. Les POM sont des plateformes endurantes et polyvalentes capables de sillonner les grands espaces maritimes ultramarins.
  • Autres patrouilleurs : au nombre de sept, plusieurs patrouilleurs vont connaître des évolutions dans les années à venir. Cela sera le cas du patrouilleur de type Arago, qui sera retiré du service en 2024 pour être remplacé par les deux nouveaux POM basés en Polynésie. Les patrouilleurs de service public (PSP) seront quant à eux en service jusqu’en 2027 avant l’arrivée des patrouilleurs hauturiers.

Guerre des mines

Guerre des mines

Le BHO Beautemps-Beaupré (A758) effectue des essais de mise à l'eau d'un nouveau drone sous-marin © Emmanuelle Mocquillon/Marine nationale/Défense

  • Bâtiments de guerre des mines (BGDM) : les six nouveaux BGDM, nettement plus gros et conçus pour la mise en œuvre du système de lutte anti-mines-futur (SLAM-F). Une rupture technologique opérationnelle majeure permettant d’éloigner la menace et de décupler les capacités de détection et de neutralisation jusqu’à 300m de profondeur. Ils remplaceront les huit chasseurs de mines tripartites (CMT).
  • Modules de lutte contre les mines (MLCM) : après la notification de ces quatre modules en 2020 dans le cadre du programme Système de lutte anti-mines - futur (SLAM-F), ce nouveau système de drones destiné à la recherche, l’identification et la destruction des mines navales devrait comprendre une nouvelle commande de quatre modules supplémentaires. Leur configuration dépendra du retour d’expérience acquis avec les modules précédents.
  • Bâtiments remorqueurs de sonars (BRS) : au nombre de trois, les BRS sont un élément clé du dispositif de sécurité des SNLE. Modernisés et dotés d’un sonar remorqué optimisé pour la détection de mines ou une drague mécanique, les BRS seront retirés du service en 2025/2026 pour être remplacés par les MLCM.
  • Bâtiment d’expérimentation de guerre des mines (BEGM) : cet unique bâtiment qui a pour mission de servir de banc d’essais aux ingénieurs de DGA Techniques Navales sera retiré du service en 2027 et remplacé dans le cadre du programme BBPD NG.
  • Bâtiments bases de plongeurs-démineurs (BBPD / BBPD NG) : les quatre BBPD, bâtiments ayant pour mission la formation des plongeurs-démineurs et nageurs de combats doivent être retirés du service entre 2027 et 2032 pour être remplacés par les BBPD nouvelle génération, leurs livraisons étant prévues entre 2028 et 2033.
  • Nouvelles vedettes de support à la plongée (VSP) : ce programme a été lancé en 2019 afin de remplacer les vedettes d’intervention pour plongeurs-démineurs (VIPD). Après la livraison et les essais de la première unité en 2022, la production en série a été lancée en 2023. Au total, il y aura huit VSP déployés.
  • Système de lutte anti-mines marine futur (SLAM-F) : Le programme SLAMF prépare le renouvellement de la capacité de guerre des mines de la marine nationale. Ce système est destiné à remplacer les moyens actuels (chasseurs de mines, bâtiments remorqueurs de sonars, bâtiments base de plongeurs démineurs). Ce système s’appuie sur quatre sous ensemble : les Maritimes Mines Counter Measures (MMCM), des drones pouvant opérer depuis un navire ou la terre, des BGDM, des BBPD BG mais également un système d’exploitation des données de guerre des mines (SEDGM). SLAM-F permet de repenser la lutte contre les mines navales grâce aux drones embarquant des technologies de pointe qui permettront une grande précision de navigation et de détecter, classifier et localiser tout type de mines, en offrant une plus grande discrétion lors des opérations.

Bâtiments de soutien 

  • Bâtiments ravitailleurs de forces (BRF) : lancé en 2019, ce programme en coopération avec l’Italie comprend la mise en service de 4 BRF entre 2024 et 2030. Ces bâtiments, conçus pour le ravitaillement d’autres bâtiments, ont redimensionné leurs capacités. Leur mission consiste à livrer aux unités de combat du combustible, des munitions, des pièces de rechange et des vivres et au besoin en assurant le transfert de blessés jusqu’à un hôpital terrestre.
  • Bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) : le BCR est une évolution des pétroliers-ravitailleurs. Il sera remplacé en 2027 par le troisième BRF.

Bâtiments hydrographiques

  • Bâtiment hydro-océanographique (BHO) :  ce bâtiment, conçu pour les missions côtières et hauturières d’hydrographie et d’océanographie, sera remplacé entre 2030 et 2035.
  • Capacité hydro-océanographique future (CHOF) : ce nouveau programme va permettre de remplir les trois bâtiments hydrographiques mis en service par deux bâtiments hydrographiques de nouvelle génération (BH NG) qui seront également basés à Brest. Ils devraient être commandés prochainement en vue d’une mise en service en 2028/2029. Ce programme participera aux nouvelles capacités de la Marine nationale en matière de surveillance et d’intervention dans les grands fonds marins grâce au développement de nouveaux outils scientifiques, moyens robotisés et systèmes de traitement de données recourant à l’intelligence artificielle.
  • Bâtiments hydrographiques (BH) : les trois BH, élaborés pour cartographier les fonds marins et les chenaux d’accès aux ports seront désarmés entre 2026 et 2028 pour être remplacés par 2 BH NG dans le cadre du programme CHOF.

Construire la Marine de demain

À l’occasion du salon Euronaval, le ministère des Armées et des Anciens combattants vous propose une série d’articles pour découvrir le renouvellement des matériels de la Marine nationale pour qu’elle puisse faire face à la dégradation du contexte stratégique et au retour du combat en mer.

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